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Interview by David Sheff | Interview par David Sheff |
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A candid conversation with the most original mind in rock music about world affairs, jewish princesses, fighting cancer and life beyond the fringe ▶. | Une conversation franche avec l’esprit le plus original de la musique rock sur les enjeux internationaux, les princesses juives, la lutte contre le cancer et la vie au-delà des limites ▶. |
Few would doubt that Václav Havel, the Czech playwright-turned-politician, and Matt Groening, creator of The Simpsons, make an odd pair. Yet in separate interviews, when asked which person had the greatest influence on their lives, both came up with the same name: Frank Zappa. “Who else?” wondered Groening. “I listened to the music, I dissected the lyrics and it transformed me”. | Peu de personnes douteraient que Václav Havel, le dramaturge tchèque devenu politicien, et Matt Groening, le créateur des Simpsons, forment un drôle de couple. Cependant, quand on leur a demandé lors de interviews séparées qui les a le plus influencés, ils ont tous deux indiqué le même nom : Frank Zappa. « Qui d’autre ? » s’est demandé Groening. « J’ai écouté la musique, j’ai disséqué les paroles et ça m’a transformé ». |
Havel and Groening are not alone. In this year’s Playboy Music Poll, our readers chose Zappa as the 43rd inductee into the Playboy Music Hall of Fame, where he joins the likes of Frank Sinatra, John Lennon and Bruce Springsteen. But even before the votes had been counted, Playboy’s editors had Zappa on their minds and had invited him to sit for the “Playboy Interview”. The result is an unusual coincidence: For the first time in the magazine’s history, an issue of Playboy both announces the Hall of Fame winner and features him in the interview. | Havel et Groening ne sont pas seuls. Dans le Sondage de Playboy Music de cette année, nos lecteurs ont choisi Zappa comme 43e membre du Playboy Music Hall of Fame, où il rejoint Frank Sinatra, John Lennon et Bruce Springsteen. Mais avant même que les votes ne soient comptés, les éditeurs de Playboy avaient Zappa en tête et l’ont invité pour « l’Interview par Playboy ». Le résultat a été une singulière coïncidence : pour la première fois dans l’histoire de ce magazine, un numéro de Playboy annonce le vainqueur du Hall of Fame et le présente en même temps dans l’interview. |
What makes this occurrence even more unusual is that Frank Zappa is no mainstream musician. While he is lionized in Europe, his avant-garde compositions and pointed, satirical lyrics are seldom heard on America radio. As he admits, people are often confused and angered by his work. As the leader of the Mothers of Invention, one of the weirdest - and most brilliant - experimental bands ever, Zappa earned a prominent place in rock lore. He didn’t do drugs, he fought censorship and he distributed a poster of himself seated nude on a toilet, calling it “Phi Zappa Krappa”. It’s no wonder that the first chapter of his autobiography is titled “How Weird Am I, Anyway?”. | Ce qui rend cet événement encore plus spécial, c’est que Frank Zappa n’est pas un musicien conventionnel. En Europe il est mythifié, mais ses compositions avant-gardistes et ses textes satiriques et mordants sont rarement passés à l’antenne en Amérique. Comme lui-même l’admet, ses œuvres confondent et irritent souvent les gens. En tant que leader des Mothers of Invention, l’un des groupes expérimentaux les plus bizarres et brillants de tous les temps, Zappa s’est taillé une place de choix dans l’histoire du rock. Il n’a pas pris de drogue, a lutté contre la censure et a distribué une affiche de soi-même assis nu sur les toilettes, l’appelant « Phi Zappa Krappa ». Pas étonnant que le premier chapitre de son autobiographie s’intitule « Bref, à quel point suis-je bizarre ? ». |
Over the course of his career, few were left unscathed by Zappa’s wicked satire set to music. A Randy Newman with fangs, Zappa went after fashion, hypocrisy and stereotypes, managing to offend an amazing array of people. Women were incensed over the song “Titties and beer” ▲, parents were horrified by such lyrics as “Watch out where the huskies go/and don’t you eat that yellow snow” and gays were furious over “He’s so gay” ▲. The Anti-Defamation League of the B’nai B’rith denounced “Jewish princess” ▲ (“with overworked gums, she squeaks when she comes”) and demanded an apology. As always, Zappa refused. | Au cours de sa carrière, peu de personnes sont restées indemnes de la satire perfide de Zappa mise en musique. Comme un Randy Newman avec des crocs, Zappa s’en est pris à la mode, à l’hypocrisie et aux stéréotypes, réussissant à offenser un nombre incroyable de personnes. Les femmes ont été fâchées par la chanson « Les nichons et la bière » ▲, les parents ont été horrifiés par des paroles comme « Fais gaffe où vont les huskies / et ne mange pas de cette neige jaune » et les gays étaient furieux contre « Il est tellement gay » ▲. La Ligue d’Anti-Diffamation du B’nai B’rith a dénoncé « Princesse juive » ▲ (« Avec des gencives surmenées, qui couine quand jouit ») et lui a demandé des excuses. Comme toujours, Zappa a refusé. |
Like his fans, his enemies could take some consolation in the fact that they weren’t alone. Zappa’s attacks crossed political and ideological lines; he skewered Jesse Jackson ▲, former Surgeon General C. Everett Koop ▲, rednecks ▲ and televangelists ▲. | Tout comme ses fans, ses ennemis pouvaient se consoler du fait qu’ils n’étaient pas seuls. Les attaques de Zappa ont traversé les frontières politiques et idéologiques ; a embroché Jesse Jackson ▲, l’ancien Responsable de la Santé Publique C. Everett Koop ▲, les ploucs ▲ et les télévangélistes ▲. |
His music confounded his fans, too. His range often seemed limitless, as he jumped successfully from rock to jazz to classical. He has released more than 50 albums, including “Freak Out!”, “Sheik Yerbouti”, “Apostrophe (’)”, “200 Motels” (also the name of a film, now a cult classic) and “Jazz from Hell”. His classical music has been lauded in stuffy circles, and he has released albums of his work performed by the London Symphony Orchestra. In Frankfurt, Germany, his soon-to-be-released “The Yellow Shark” was the highlight of a festival last fall, and earlier this year the Lincoln Center for the Performing Arts in New York presented “The Music of Frank Zappa” as part of its Great Performers series. | Sa musique a également dérouté ses fans. On aurait dit que son champ d’action était souvent sans limites, étant lui-même passé avec succès du rock au jazz en passant par la musique classique. Il a sorti plus de 50 albums, dont « Désinhibez-vous ! », « Cheikh Yerbouti », « Apostrophe (’) », « 200 Motels » (aussi le nom d’un film, devenu culte) et « Jazz de l’Enfer ». Sa musique classique a été loué dans les cercles sérieux et il a sorti des albums de ses œuvres interprétées par le London Symphony Orchestra. À Francfort, en Allemagne, son « Requin Jaune », prêt à la sortie, a été le clou du festival de l’automne dernier, et au début de cette année, le Lincoln Center pour les Arts de la Scène de New York a présenté « La Musique de Frank Zappa » dans sa série sur les grands artistes. |
Zappa was able to make enemies even when he wasn’t making music. He took on Tipper Gore and Susan Baker, wife of former Secretary of State James Baker, when they demanded that records be rated according to content - the same way movies are. Zappa testified before the Senate Commerce Committee, calling Gore, Baker and their committee “a group of bored Washington housewives” who wanted to “housebreak all composers and performers because of the lyrics of a few”. He lost the crusade but remained a vigorous advocate of First Amendment rights. | Zappa a été capable de se faire des ennemis même sans faire de la musique. Il a confronté Tipper Gore et Susan Baker, épouse de l’ancien secrétaire d’État James Baker, quand elles ont sollicité que les disques soient marqués en fonction de leur contenu - comme les films. Zappa a témoigné devant le Comité Sénatorial du Commerce, qualifiant Gore, Baker et leur comité de « groupe de ménagères ennuyées de Washington » qui voulaient « apprendre à tous les compositeurs et artistes à être propre, à cause des paroles de quelqu’un ». Il a perdu la croisade, mais est resté un ardent défenseur des droits du Premier Amendement à la Constitution des États-Unis. |
He has also campaigned to encourage his audiences to vote. Voter registration booths were set up in the lobbies of the concert halls in which he performed. In his “Video from Hell” (the companion to “Jazz from Hell”), he included a note that read: “Register to vote and read the Constitution before it’s void where prohibited by law”. His frustrations with government led him to consider being part of it: in 1991 he announced that he was running for president. | Il a également fait campagne pour encourager son public à voter. Des cabines d’enregistrement électoral ont été installées aux entrées des salles de concert où il s’est produit. Dans son « Vidéo de l’Enfer » (qui s’apparente à « Jazz de l’Enfer »), il a inclus une note qui disait : « Inscrivez-vous pour voter et lisez la Constitution des États-Unis, avant qu’elle ne soit annulée si interdit par la loi ». Sa frustration face au gouvernement l’a amené à envisager d’en faire partie : en 1991, il a annoncé sa candidature à la présidence. |
After some bad experiences in the record business (in the song “Brown shoes don’t make it” ▲, he memorialized the businessmen who screwed him), Zappa and his wife (and manager), Gail, formed their own record labels and merchandising operation. (There’s even a Zappa hotline: 1-818-PUMPKIN). His broad insight into economics and politics inspired the Financial News Network to ask him to guest-host a talk show. That gig took him to Czechoslovakia to meet with Havel, then the president, before the country split into two republics. | Après quelques expériences négatives dans l’industrie du disque (dans la chanson « Les chaussures marronnes ne sont pas grand-chose » ▲ il a immortalisé les hommes d’affaires qui l’avaient baisé), Zappa et sa femme (et manager), Gail, ont fondé leurs propres labels et leurs initiatives promotionnelles. (Il existe également une hotline de Zappa : 1-818-PUMPKIN). Sa connaissance approfondie de l’économie et de la politique a incité le Financial News Network à lui demander d’animer un talk-show. Cette mission l’a amené en Tchécoslovaquie pour rencontrer Havel, plus tard Président, avant que le pays ne se divise en deux républiques. |
Zappa’s music had been smuggled behind the iron curtain since the Sixties, and he had become a hero to the Czech people. His song “Plastic people” ▲ was an underground anthem. When he visited Prague, students told him that he had been considered one of the worst enemies of the Communist state. One student told of being arrested by the secret police, jailed and beaten. “We are going to beat the Zappa music out of your head”, the officer screamed. Upon meeting Zappa, the boy said: “Our dream has come true today”. | La musique de Zappa avait été passée en contrebande au-delà du rideau de fer depuis les années Soixante et il était devenu une idole pour le peuple tchèque. Sa chanson « Gens en plastique » ▲ était un hymne underground chez eux. Lors de sa visite à Prague, des étudiants lui ont dit qu’il était considéré comme l’un des pires ennemis de l’État communiste. Un étudiant a raconté avoir été arrêté par la police secrète, emprisonné et battu. « Nous allons te faire sortir la musique de Zappa de la tête par la force » lui avait crié l’officier. En rencontrant Zappa, le garçon a dit : « Aujourd’hui, notre rêve est devenu réalité ». |
Havel was so enamored of him that he made Zappa the country’s special ambassador to the West on trade, culture and tourism. Zappa had big plans to help bridge cultural and economic barriers with the West. The appointment, however, was derailed by Secretary of State Baker. Columnist Jack Anderson reported that Baker was “carrying an old grudge” from Zappa’s dismissal of Susan Baker as a “bored housewife”. “When Baker arrived in Prague” Anderson wrote “he had his surrogates convey his displeasure to Havel”. Havel succumbed to the pressure and canceled the appointment. | Havel était si fasciné par lui qu’il le nomma ambassadeur spécial du pays en Occident pour le commerce, la culture et le tourisme. Zappa avait de grands projets pour aider à surmonter les barrières culturelles et économiques avec l’Occident. Cette nomination, cependant, a été sabordée par le secrétaire d’État Baker. Le chroniqueur Jack Anderson a rapporté que Baker « gardait une vieille rancune » depuis que Zappa avait qualifié Susan Baker de « ménagère ennuyée ». « Quand Baker arriva à Prague » a écrit Anderson « il envoya son opposition à Havel par ses remplaçants ». Havel céda à la pression et révoqua le poste. |
Zappa came far to have such high-placed enemies. A song called “Son of Mr. Green Genes” made people think his father was the character on “Captain Kangaroo”, but in truth, he is the son of a meteorologist who did research on poison gases for the military. Gas masks hung on a wall of the family’s home in case of an accident with the chemical weapons his father studied. | Zappa a fait beaucoup pour avoir des ennemis de si haut niveau. Une pièce intitulée « Le fils de M. Gènes Verts » a amené certains à penser que son père était le personnage du « Capitaine Kangourou », mais en réalité c’est le fils d’un météorologue qui a fait des recherches sur les gaz toxiques pour l’armée. Des masques à gaz étaient accrochés au mur de la maison familiale en cas d’accident avec les armes chimiques que son père étudiait. |
The family moved frequently before ending up in Lancaster, California, where Frank played drums in the school marching band. His musical taste, however, was eclectic; while his classmates swooned over Elvis, he listened to composers such as Edgard Varèse and Anton Webern. | Sa famille a déménagé plusieurs fois avant de se retrouver à Lancaster, Californie, où Frank a joué de la batterie dans la fanfare de l’école. Son goût musical, cependant, était éclectique ; tandis que ses camarades de classe se pâmaient pour Elvis, il écoutait des compositeurs tels qu’Edgard Varèse et Anton Webern. |
In Lancaster, Zappa formed his first garage band, the Blackouts (so named after the night some of his bandmates drank too much peppermint schnapps and blacked out). He later joined the Soul Giants, which became the Mothers of Invention. With Zappa as their guitar-wielding leader, the Mothers were known for their excellent and innovative music - “Uncle Meat”, “Weasels Ripped My Flesh” and “The Grand Wazoo” are classic albums - and for their antics. One of the more colorful rock legends maintains that Zappa and Alice Cooper had a gross-out contest onstage: after Cooper allegedly squashed some live baby chicks, Zappa supposedly picked up a plastic spoon and ate a plate of steaming feces. Although Zappa denies it, he’s been haunted by the story for years. | À Lancaster, Zappa a formé son premier groupe de garage, les Blackouts (nommé d’après la soirée où un membre du groupe s’était évanoui en buvant trop de schnaps à la menthe). Il a ensuite rejoint les Soul Giants, qui sont devenus plus tard les Mothers of Invention. Avec Zappa comme leader et guitariste, les Mothers sont devenus célèbres pour leur musique excellente et innovante - « Oncle Viande », « Les Belettes ont Déchiré ma Chair » et « Le Grand Wazoo » sont des albums classiques - et pour leurs pitreries. Selon l’une des légendes les plus pittoresques du rock, Zappa et Alice Cooper ont organisé un concours de dégoût sur scène : on dit qu’après que Cooper a écrasé des poussins vivants, Zappa a pris une cuillère en plastique et mangé une assiette d’excréments fumants. Bien que Zappa le nie, il est hanté par cette rumeur depuis des années. |
While his reputation for weirdness is his trademark, his private life seems eminently sane. Now 52, he has been married to Gail for 25 years and is a devoted father to his four children: Moon Unit, 25 (she was the voice of the obnoxious “Valley Girl” in his 1982 hit song ▲), Dweezil, 23, Ahmet, 18, and Diva, 13. It was Moon and Dweezil who shocked their father’s fans in November 1991 when they announced that he had been diagnosed with prostate cancer. The illness forced him to drop his planned presidential campaign, and both work and travel have been disrupted. His “Playboy Interview” was conducted by Contributing Editor David Sheff, who most recently chatted with Steve Martin for the January 1993 interview. Sheff reports: | Même si être réputé pour ses bizarreries soit sa marque de fabrique, on dirait que sa vie privée est tout à fait judicieuse. Maintenant âgé de 52 ans, marié à Gail depuis 25 ans et père dévoué de quatre fils : Moon Unit, 25 ans (c’était la voix de l’haineuse « Fille de la Vallée » dans son tube de 1982 ▲), Dweezil, 23 ans, Ahmet, 18 ans et Diva, 13 ans. Ce sont Moon et Dweezil qui ont choqué les fans de leur père en novembre 1991, quand ils ont annoncé qu’on lui avait diagnostiqué un cancer de la prostate. La maladie l’a contraint à abandonner son projet de campagne présidentielle et à interrompre à la fois son travail et ses déplacements. Sa « Interview par Playboy » a été réalisée en janvier 1993 par le publiciste David Sheff, qui en a récemment parlé avec Steve Martin. Sheff rapporte : |
“The Zappa home is a mock-Tudor Pee-wee’s Playhouse in fast-forward mode. In one room, a state-of-the-art recording studio, engineers work on computers and recording equipment, and in another room, editors pore over frames of videotape. Various assistants dash through halls decorated with memorabilia such as gold records and Zappa license plates. On one wall is a poster of Ronald Reagan as Adolf Hitler”. | « La maison de Zappa est une vertigineuse maison d’enfants de faux style Tudor. Dans une pièce, un studio d’enregistrement ultramoderne, des techniciens travaillant sur des ordinateurs et des équipements d’enregistrement, et dans une autre pièce, des monteurs examinant des images de bandes vidéo. Plusieurs assistants traversent des couloirs décorés de souvenirs tels que des disques d’or et des plaques ‘Zappa’ de voiture. Sur un mur il y a une affiche de Ronald Reagan comme Adolf Hitler ». |
“I waited for Zappa in a wood-paneled room on a comfortable old couch opposite a redbrick fireplace. When Frank came in, he attempted to sit comfortably in a large purple leather chair. But comfort was impossible - Zappa explained that the pain had invaded his lower back”. | « J’ai attendu Zappa dans une pièce lambrissée sur un vieux canapé confortable devant une cheminée en briques rouges. Quand Frank est entré, il a tenté de s’installer confortablement dans un grand fauteuil en cuir pourpre. Mais il lui était impossible d’être confortable ; Zappa a expliqué que la douleur avait envahi le bas du dos ». |
“The interview was interrupted briefly by assistants bringing coffee or Frank’s dinner, a bagel and cream cheese. Gail sleepily stopped in to say hello; she was exhausted after an all-night flight from Tokyo, where she had gone with Diva and Moon Unit to see Dweezil play guitar with a Japanese pop star. Later, Diva came in, flopped on her dad’s lap and gave him a big kiss, telling him how much she had missed him”. | « L’interview a été brièvement interrompue par des assistants apportant du café ou le dîner de Frank, un beignet de pain et du fromage frais. Gail est passée, endormie, pour saluer ; elle était épuisée après un vol de nuit en provenance de Tokyo, où elle était allée avec Diva et Moon Unit pour voir Dweezil jouer de la guitare avec une pop star japonaise. Plus tard, Diva est entrée, s’est laissée tomber sur les genoux de son père et l’a embrassé en lui disant à quel point il lui avait manqué ». |
“Zappa, with his trademark mustache and sideburns, chain-smoked while he spoke with unmistakable passion, and urgency, about his music, his politics, his family and his illness. Occasionally, pain overcame him and he stopped speaking. I asked if he wanted to take a break and resume later. ‘No’, he said, ‘let’s keep going’”. | « Avec sa moustache et ses rouflaquettes, Zappa fumait sans arrêt tout en parlant, avec une passion et une ferveur caractéristique, de sa musique, de ses opinions politiques, de sa famille et de sa maladie. De temps en temps, la douleur l’envahissait et il s’arrêtait de parler. Je lui demandais s’il voulait faire une pause et reprendre plus tard. ‘Non, disait-il, continuons’ ». |
“We finished after seven straight hours and as we wound up, I fell both inspired and deeply saddened. I thanked him and told him it was a good interview. He said: ‘As long as it goes beyond the fringe’ ▶”. | « Nous avons terminé après sept heures d’affilée et après ça, j’étais à la fois inspiré et profondément attristé. Je l’ai remercié et je lui ai dit que c’était une bonne interview. Il a dit : ‘Pour autant qu’elle dépasse les limites’ ▶ ». |
You once said that your job is “extrapolating everything to its most absurd extreme”. Does that still hold true? | Tu as dit une fois que ton travail consiste à « extrapoler tout jusqu’à son extrême le plus absurde ». Est-ce toujours vrai ? |
It’s one of my jobs. I guess it must have been my main job that day. But yes, I like carrying things to their most ridiculous extreme because out there on the fringe is where my type of entertainment lies. | C’est l’un de mes travaux. Je suppose que c’était mon travail principal à l’époque. Eh oui, j’aime pousser les choses à leur extrême le plus ridicule parce que c’est là-bas, aux limites, que mon genre de divertissement se développe. |
Is it frustrating that more people don’t get it? | Est-ce frustrant que beaucoup de gens ne comprennent pas ça ? |
The crux of the biscuit ▶ is: If it entertains you, fine. Enjoy it. If it doesn’t, then blow it out your ass. I do it to amuse myself. If I like it, I release it. If somebody else likes it, that’s a bonus. | Le nœud de la question ▶ est : s’il t’amuse, bien. Profites-en. Sinon, va te faire foutre. Je le fais pour m’amuser. Si je l’aime, je le sors. Si quelqu’un d’autre l’aime, tant mieux. |
How important is it to offend people? | À quel point est-il important d’offenser les autres ? |
You mean, do I wake up and say: “I think I’ll go out and offend somebody today”? I don’t do that. I don’t write lyrics much anymore, but I offend people just as much with the music itself. I put chords together that I like, but many people want rhythms that they can march to or dance to; they get tangled up trying to tap their foot to my songs. Some people don’t like that, which is OK with me. | Tu veux dire si je me réveille et je dis : « Je pense qu’aujourd’hui je vais offenser quelqu’un » ? Non, je ne fais pas ça. Je n’écris plus beaucoup de paroles, mais je continue d’offenser les autres avec la musique elle-même. Je compose les accords que j’aime, mais beaucoup veulent des rythmes sur lesquels ils peuvent marcher ou danser ; s’ils essaient de taper du pied sur mes chansons, ils s’emmêlent les pinceaux. Certaines personnes n’aiment pas ça, mais ce n’est pas un problème pour moi. |
You certainly offended people with the “Phi Zappa Krappa” poster. | Tu as sans aucun doute offensé quelqu’un avec l’affiche « Phi Zappa Krappa ». |
Probably. But so what? | Probablement. Et alors ? |
And some of your antics from the Mothers of Invention days, like the famed gross-out contest. | Et avec certaines de tes pitreries de l’époque des Mothers of Invention, comme le tristement célèbre concours de dégoût. |
There never was a gross-out contest. That was a rumor. Somebody’s imagination ran wild. Chemically bonded imagination. The rumor was that I went so far as to eat shit onstage. There were people who were terribly disappointed that I never ate shit onstage. But no, there never was anything resembling a gross-out contest. | Il n’y a jamais eu de concours de dégoût. C’était une rumeur. L’imagination de quelqu’un s’est déchaînée. Une imagination induite chimiquement. Cette rumeur voulait que je sois allé jusqu’à manger de la merde sur scène. Quelqu’un a été terriblement déçu que je n’aie jamais mangé de la merde sur scène. Mais non, il n’y a jamais eu rien ressemblant à un concours de dégoût. |
Another rumor was that you peed on an audience. | Selon une autre rumeur, tu as pissé sur le public. |
I never had my dick out onstage and neither did anybody else in the band. We did have a stuffed giraffe rigged with a hose and an industrial-strength whipped cream dispenser. Under it we had a cherry bomb. That’s how we celebrated the Fourth of July in 1967. Somebody waved the flag, lit the cherry bomb. It blew the ass out of the giraffe. Another guy reached behind the giraffe and pushed the button and had this thing shitting whipped cream all over the stage. That amused people for some reason. | Je n’ai jamais sorti ma bite sur scène et personne dans le groupe non plus. Nous avions une girafe en peluche, reliée par un tuyau à un distributeur industriel de crème fouettée. Nous avions mis dessous un pétard. C’est ainsi que nous avons fêté le 4 juillet 1967. Quelqu’un, agitant le drapeau, a allumé le pétard. Qui a fait exploser le cul de la girafe. Un autre mec s’est approché derrière la girafe, a appuyé sur le bouton et lui a fait chier de la crème fouettée sur toute la scène. Ça amusait le public, pour une raison quelconque. |
So it was simply contained outrageousness? | Donc c’était juste de la provocation planifiée ? |
Stagecraft. | De l’art scénique. |
To entertain or just to alleviate boredom? | Pour amuser ou juste pour soulager l’ennui ? |
There was a third factor, too. There’s an art statement in whipped cream shooting out the ass of a giraffe, isn’t there? We were carrying on the forgotten tradition of dada stagecraft. The more absurd, the better I liked it. | Il y avait aussi un troisième facteur. La crème fouettée tirée du cul d’une girafe était un acte artistique, non ? Nous perpétuions la tradition oubliée de l’art scénique dadaïste. Plus c’était absurde, plus je l’aimais. |
The titles of your records and songs are art statements, too. | Les titres de tes disques et de tes chansons sont aussi des actes artistiques. |
Well, you have to call them something, so why not call them something amusing? | Eh bien, on doit bien les appeler d’une manière ou d’une autre, alors pourquoi ne pas choisir des noms amusants ? |
For example, “Burnt Weeny Sandwich”? | Par exemple, « Sandwich au hot-dog grillé » ? |
I still eat burnt weeny sandwiches. It’s one of the great things in life. At least it’s a great lunch. You take a Hebrew National, put it on a fork, burn it on the stove, wrap two pieces of bread around it, squirt some mustard on it, eat it and you’re back to work. | Je mange toujours des sandwichs au hot-dog grillé. C’est l’une des meilleures choses dans la vie. À tout le moins, c’est un excellent déjeuner. Tu prends un hot-dog casher Hebrew National, le mets sur une fourchette, le grilles sur le feu, l’enveloppes entre deux morceaux de pain, saupoudres un peu de moutarde dessus, le manges et retournes travailler. |
You’ve also used your songs to level political attacks. You wrote “Rhymin’ man” ▲ about Jesse Jackson. What made you so angry? | Tu as aussi utilisé tes chansons pour lancer des attaques politiques. Tu as écrit « Homme à rimes » ▲ à propos de Jesse Jackson. Qu’est-ce qui t’a mis si en colère ? |
An article raised some questions about whether or not Martin Luther King actually died in Jesse’s arms. There were reports that Jackson dipped his hands into King’s blood or even used chicken blood and rubbed it on his shirt, which he wore for a few days afterward as he met the media. So I did this song about the idea of communicating through nursery rhymes, as Jackson is prone to do. It rubs me the wrong way. I’m not saying that all of Jesse’s ideas are bad; I agree with some of them. But I’m not confident that Jesse Jackson would be the person I would look to to implement any of them. I don’t want to see any religious people in public office because they’re working for another boss. | Un article se demandait si Martin Luther King était réellement mort dans les bras de Jesse. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles Jackson aurait trempé ses mains dans le sang de King, voire carrément utilisé du sang de poulet, et l’aurait frotté sur sa chemise, qu’il a ensuite continué à porter pendant quelques jours quand il rencontrait la presse. J’ai donc composé cette chanson sur l’idée de communiquer en rimes, comme Jackson le fait habituellement. Ça m’énerve. Je ne dis pas que toutes les idées de Jesse sont mauvaises ; je suis d’accord avec certains d’elles. Mais je ne suis pas sûr que Jesse Jackson soit le meilleur homme pour les mettre en pratique. Dans la fonction publique, je ne veux pas voir de religieux parce qu’ils travaillent pour un autre patron. |
You also assailed former Surgeon General C. Everett Koop in a song ▲. | Dans une chanson ▲, tu as aussi attaqué l’ancien Responsable de la Santé Publique C. Everett Koop. |
HBO ran something like “Dr. Koop Answers Your Questions About AIDS”. On it, I saw him explain how AIDS got from the green monkey to the human population. He speculated about a native who wanted to eat a green monkey, who skinned it, cut his finger and some of the green monkey’s blood got into his blood. The next thing you know, you have this blood-to-blood transmission of the disease. I mean, this is awful fucking thing. It’s right up there with Grimm’s Fairy Tales. And Koop was such a cartoon character with that uniform and everything. Before Ronald Reagan, when did you ever see a surgeon general dressed up like the guy in the Katzenjammer Kids? | La chaîne de TV HBO a diffusé quelque chose comme « Le Docteur Koop répond à vos questions sur le SIDA ». Là, je l’ai vu expliquer comment le SIDA était passé du cercopithèque à la population humaine. Il spécula sur un indigène qui voulait manger un cercopithèque et s’est coupé le doigt en le pelant, ainsi un peu du sang du cercopithèque pénétra dans son sang. Et un instant plus tard, il y a eu cette transmission sanguine de la maladie. Je veux dire, c’est une putain de connerie. C’est tout comme dans les contes de fées des frères Grimm. Et Koop ressemblait beaucoup à un personnage de dessin animé, avec cet uniforme et tout ça. Avant Ronald Reagan, avons-nous jamais vu un Responsable de la Santé Publique déguisé comme le type dans les bandes dessinées Katzenjammer Kids ? |
Because of songs such as “Dinah-moe humm” (“I got a forty-dollar bill say you can’t make me come” ▲), “He’s so gay” ▲ and many others, you have been accused of being sexist, misogynistic and homophobic. | À cause de chansons comme « Ronron de Dinah Moe » (« Je parie quarante dollars que tu n’arriveras pas à me faire jouir » ▲), « Il est tellement gay » ▲ et bien d’autres, tu as été accusé d’être sexiste, misogyne et homophobe. |
Some people miss the joke. In general, I was a convenient enemy and they could get exposure for their causes by coming after me. But I’m not antigay. When Ross Perot announced he was running for president, I wanted him to choose Barney Frank as a vice-presidential candidate. He is one of the most impressive guys in Congress. He is a great model for young gay men. | Certains ne comprennent pas l’ironie. En général, j’ai été un ennemi commode et, en m’attaquant, ils pouvaient gagner en visibilité pour leurs causes. Mais je ne suis pas antigay. Quand Ross Perot a annoncé sa candidature à la présidence, je voulais qu’il choisisse Barney Frank comme candidat à la vice-présidence. C’est l’un des représentants les plus admirables au Congrès. C’est un excellent modèle pour les jeunes gays. |
But you were criticized for “Bobby Brown goes down” ▲ and “He’s so gay” ▲. | Mais tu as été critiqué pour « Bobby Brown taille une pipe » ▲ et « Il est tellement gay » ▲. |
But see, I’m a journalist of a sort. I have a right to say what I want to say about any topic. If you don’t have a sense of humor, then tough titties. | Mais, tu vois, d’une certaine manière, je suis journaliste. J’ai le droit de dire ce que je veux sur n’importe quel sujet. Si tu n’as pas le sens de l’humour, tant pis pour toi. |
Is that what you said when you were attacked by the Anti-Defamation League for “Jewish princess”? ▲ | C’est ce que tu as dit quand tu as été attaqué par la Ligue d’Anti-Diffamation pour « Princesse juive » ? ▲ |
They wanted to convince the world that there’s no such thing as a Jewish princess, but, I’m sorry, the facts speak for themselves. They asked me to apologize and I refused. I still have their letter nailed to the wall. They got a lot of mileage out of it, but it was a tempest in a teapot. They just wanted to give the impression that here, in the world of rock, was this rabid anti-Semite who was besmirching the fine reputation of everybody of the Jewish faith. Well, I didn’t make up the idea of a Jewish princess. They exist, so I wrote a song about them. If they don’t like it, so what? Italians have princesses, too. | Ils voulaient convaincre tout le monde que les princesses juives n’existent pas mais, je suis désolé, les faits parlent d’eux-mêmes. Ils m’ont demandé de m’excuser et j’ai refusé. J’ai toujours leur lettre épinglée au mur. Ils ont fait des vagues, mais c’était une tempête dans un verre d’eau. Ils voulaient faire croire que, dans le monde du rock, il y avait cet antisémite enragé qui ternissait la bonne réputation de tous les juifs. Eh bien, ce n’est pas moi qui ai inventé l’idée des princesses juives. Elles existent, alors j’ai écrit une chanson à leur sujet. Ils ne l’aiment pas, et alors ? Il y a aussi des princesses italiennes. |
Is there rhyme or reason behind the subjects you choose to attack? | Y a-t-il une logique derrière les sujets que tu choisis d’attaquer ? |
Whatever I’m mad at at the time. I like things that work. If something doesn’t, the first question you have to ask is: why? If it’s not working and you know why, then you have to ask: “Why isn’t somebody doing something about it?”. The government, for starters. Most institutions. The nation’s education system is completely fucked up. | Tout ce qui me met en colère à ce moment-là. J’aime les choses qui fonctionnent. Si quelque chose ne fonctionne pas, la première question que l’on doit se poser est : pourquoi ? S’il ne fonctionne pas et que l’on sache pourquoi, alors on doit se demander : « Pourquoi personne n’intervient ? ». Le gouvernement, pour commencer. La plupart des institutions. Le système scolaire du pays est parti en couille. |
Fucked up how? | Parti en couille dans quel sens ? |
The schools are worthless because the books are worthless. They still are on the level of George Washington and the cherry tree and “I cannot tell a lie”. The books have all been bowdlerized by committees responding to pressure from right-wing groups to make every aspect of the history books consistent with the cryptofascist view-point. When you send your kids to school, that’s what they’re dealing with. Your children are being presented with these documents, part of a multibillion-dollar industry, which are absolutely fraudulent. Kids’ heads are crammed with so many non-facts that when they get out of school they’re totally unprepared to do anything. They can’t read, they can’t write, they can’t think. Talk about child abuse. The U.S. school system as a whole qualifies. | Les écoles sont inutiles parce que les livres sont inutiles. Ils sont toujours au niveau de George Washington et du cerisier et « Je ne peux pas mentir ». Les livres ont tous été purgés par des commissions qui subissent des pressions de la part de groupes de droite pour que tous les aspects des livres d’histoire soient cohérents avec le point de vue crypto-fasciste. Quand tu envoies tes fils à l’école, ils trouvent ça. Tes fils se voient présenter ces documents, produits par une industrie de plusieurs milliards de dollars, qui sont absolument faux. La tête des garçons est bourrée de tant de non-faits que, à la sortie de l’école, ils ne sont absolument pas préparés à faire quoi que ce soit. Ils ne savent pas lire, ils ne savent pas écrire, ils ne savent pas penser. Parlons de maltraitance des enfants. Le système scolaire américain dans son ensemble peut faire ça. |
Did you find alternative schools for your kids? | As-tu trouvé des écoles alternatives pour tes fils ? |
In California you can take your kids out of school at 15 if they can pass the equivalency test, so the first three have escaped. Diva still has a couple of years to go. | En Californie, on peut retirer les fils de l’école à 15 ans, s’ils réussissent un test d’équivalence, alors nos trois premiers fils se sont retirés. Diva a encore deux ans à faire. |
Before they escaped, how did you deal with it? | Avant leur retrait, comment as-tu géré ça ? |
We had them in public school and private school, back and forth, trying to find the best possible education that we could get for them. | Nous les avons envoyés dans des écoles publiques et des écoles privées, en avant et en arrière, essayant de trouver la meilleure éducation possible pour eux. |
Regardless of what they learned at school, they certainly must get an education around here. | Indépendamment de ce qu’ils ont appris à l’école, ils recevront sans aucun doute une éducation à la maison. |
There definitely is a little stimulation around here. They meet a lot of people from all over the world and of all different nationalities and races and business backgrounds. The kids aren’t shoveled into a room. | Il y a certainement un peu de stimuli à la maison. Ils rencontrent beaucoup de gens du monde entier et de nationalités, races et expériences professionnelles différentes. Nos fils ne sont pas enfermés dans une chambre. |
Did the perspective you gave them prepare them for those bad schools? | Est-ce que la perspective que tu leur as donnée les a préparés à ces mauvaises écoles ? |
It caused them trouble, because when they compared what qualifies as the real world here in this house with what they experienced as the real world in school, it was very different. Sometimes their friends think they’re weird. On the other hand, their friends like to spend the night over here. | Elle leur a causé des problèmes parce que, quand ils ont comparé le monde réel dans cette maison à ce qu’ils vivaient comme le monde réel à l’école, il était très différent. Parfois, leurs amis pensent qu’ils sont bizarres. Cependant, leurs amis aiment passer leurs soirées chez nous. |
Were the teachers horrified? | Les professeurs étaient-ils horrifiés ? |
Some of them. They had a few teachers who were great. One could have taught a couch to read. She was fired because she wasn’t Mexican. The school had an ethnic quota, and she was out. | Certains d’eux. Ils ont eu quelques professeurs qui étaient super. L’une d’eux aurait pu enseigner à lire à un âne. Elle a été licenciée parce que n’était pas mexicaine. L’école avait des quotas ethniques et elle en était en dehors. |
If Tipper Gore was right and exposure to an uncensored world is bad for kids, your kids must be monsters. | Si Tipper Gore a raison, et que l’exposition à un monde non censuré soit nuisible pour les gars, tes fils devraient être des monstres. |
My kids do OK. I like them a lot and they seem to like me and their mother. They don’t use drugs. They don’t drink. They don’t even eat meat. | Mes fils vont bien. Je les aime beaucoup et apparemment ils nous aiment. Ils ne prennent pas de drogues. Ils ne boivent pas. Ils ne mangent même pas de viande. |
What have you said to your kids about drugs? | Qu’as-tu dit à tes fils au sujet de la drogue ? |
All I told them was: “You see examples of drug-crazed people on television and all you have to do is look at those assholes”. They get the point. The biggest thing you can do for kids is give them the ability to figure things out. I use a risk-reward program. One of my kids comes to me and tells me he or she wants to do something. I say no if I don’t think it’s a good idea. If they can convince me, logically, that I’m wrong, they get to do it. | Je leur ai juste dit : « À la télévision, vous voyez des exemples de gens dérangés par la drogue et vous devez juste regarder ces connards ». Ils ont compris. La meilleure chose que l’on puisse faire pour les gars est de leur permettre de comprendre les choses. J’utilise une méthode de récompense de risque. L’un de mes fils vient me voir et me dit qu’il ou elle veut faire quelque chose. Si je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je dis non. S’ils peuvent, avec la logique, me convaincre que j’ai tort, ils peuvent la faire. |
You’re creating your worst nightmare: a house full of lawyers. | Tu es en train de créer ton pire cauchemar : une maison pleine d’avocats. |
I don’t think we have to worry about any of them becoming lawyers. But it does help to develop reasoning and communication skills - you might even call it sales skills - to manage to get your way in a fast and efficient manner. I don’t think it hurts. Look at the alternative: they could go ‘Wah-wah-wah’ or break things, or sneak. We don’t have very much in the way of tantrums or sneakage problems. I look at kids as little people. The little people have certain assets and liabilities. They’re born with an unbound imagination. They’re born without fear and prejudice. On the other hand, they don’t have the mechanical skills to do big-person stuff. But if you treat them like people, they’ll learn. If you think of them as your precious little commodities and you want to mold them and shape them into something that you imagine for them, it breeds problems. | Je ne pense pas que nous devrions nous inquiéter qu’aucun d’eux ne devienne avocat. Mais ça aide à développer les compétences de raisonnement et de communication - on pourrait aussi les appeler compétences de vente - pour faire rapidement et efficacement ce que tu veux. Je ne pense pas que ce soit nocif. Regarde l’alternative : ils pourraient piquer des crises, ou casser des choses, ou se servir des subterfuges. Nous n’avons pas beaucoup de problèmes de crises ou de subterfuges. Je considère les garçons comme de petites personnes. Les petites personnes ont certaines ressources et certaines responsabilités. Ils sont nés avec une imagination illimitée. Ils sont nés sans peur ni préjugés. D’un autre côté, ils n’ont pas les compétences pratiques pour faire les choses des adultes. Mais si tu les traites comme des personnes, ils apprendront. Si tu les considères comme tes petits biens précieux et tu veux les façonner et les transformer en ce que tu imagines pour eux, ça entraînera des problèmes. |
You obviously don’t buy the argument that you have to give your kids something to rebel against. | Tu n’acceptes évidemment pas la thèse selon laquelle on doit donner aux fils quelque chose contre quoi se rebeller. |
Well, my children certainly have decided not to grow up like me. They don’t smoke. They don’t eat hamburgers or bacon. They find their own way. I just want to keep them out of trouble and make sure that they can get to adulthood with some sort of marketable skill and a chance for a happy life on their own terms. I don’t want them to be like me or like Gail. They should be like them. And they should be as well equipped to be themselves as possible. As parents we have to do everything to give them the equipment to be themselves, so that when they go out into the world they can maintain their identity and still survive. | Eh bien, mes fils ont surement décidé de ne pas grandir comme moi. Ils ne fument pas. Ils ne mangent pas de hamburgers ni de bacon. Ils trouvent leur chemin seuls. Je veux juste leur éviter des ennuis et m’assurer qu’ils peuvent atteindre l’âge adulte avec des compétences revendables et la possibilité d’une vie heureuse à leur manière. Je ne veux pas qu’ils soient comme moi ou comme Gail. Ils devraient être comme eux-mêmes. Et ils devraient être équipés autant que possible pour être eux-mêmes. En tant que parents, nous devons tout faire pour qu’ils soient eux-mêmes, afin que, quand ils affronteront le monde, ils puissent garder leur identité et survivre. |
Would they have been different had you named them Sally or John? | Ça aurait-il été différent si vous les aviez appelés Sally ou John ? |
It’s the last name that gets them into trouble. | C’est leur nom de famille qui leur entraîne des problèmes. |
How? | Comment ? |
I’m viewed as being weird. When somebody calls you weird, then anything you touch becomes weird. On the other hand, they like being weird. | Je suis considéré comme bizarre. Quand quelqu’un te traite de bizarre, alors tout ce que tu touches devient bizarre. D’un autre côté, ils aiment être bizarres. |
And their first names distinguish them for anyone unconvinced by their last name? | Et ce sont leurs noms qui les distinguent, pour ceux qui ont des doutes sur leur nom de famille ? |
I want them to be different. I know that the people in these schools will never be different because they’re afraid to be different. But my kids are genetically different, so they might as well be different all the way. | Je veux qu’ils soient différents. Je sais que les gars de ces écoles-là ne seront jamais différents parce qu’ils craignent d’être différents. Mais mes fils sont génétiquement différents, alors ils pourraient aussi être différents à tous égards. |
Chastity Bono once told a reporter how terrible her name is. She said when she complained, Sonny reminded her: “Be thankful we didn’t name you Dweezil”. Have any of your kids threatened to change their names? | Chastity Bono a dit un jour à un journaliste à quel point son nom était horrible. Elle a dit que, quand elle s’est plainte, Sonny lui a rappelé : « Sois reconnaissante que nous ne t’avons pas appelée Dweezil ». L’un de tes fils a-t-il déjà menacé de changer de nom ? |
No. I think they like them, though you’d have to ask them. We all get along well. That seems to be a rare thing in a family today. The family itself is a vanishing artifact. In the Nineties, if you have a family and the people inside the family have affection for one another, it’s kind of a miracle. It’s mutant behavior. I mean, they yell and scream at one another like any other kids. But most of the time they play together. | Non. Je pense qu’ils les aiment, même si tu devrais leur demander à eux. Nous nous entendons tous bien. De nos jours, ça semble être une chose rare dans une famille. La famille elle-même est une chose évanescente. Dans les années quatre-vingt-dix, avoir une famille et avoir des membres de la famille qui s’aiment, c’est presqu’un miracle. C’est un comportement mutant. Je veux dire, ils crient et se crient dessus comme tous les autres gars. Mais la plupart du temps, ils jouent ensemble. |
How did you meet Gail? | Comment as-tu rencontré Gail ? |
She was working at the Whisky a Go Go in LA. I fell in love with her instantly. | Elle travaillait au Whisky a Go Go à Los Angeles. J’ai eu un coup de foudre pour elle. |
Is it true you didn’t give her a wedding ring? | C’est vrai que tu ne lui as pas donné d’alliance ? |
I didn’t have one, so when we got married, I pinned a ballpoint pen on her dress. It was a maternity dress because she was nine months pregnant. | Je n’en avais pas, alors, quand nous nous sommes mariés, j’ai épinglé un stylo à bille sur sa robe. C’était une robe de maternité parce qu’elle était enceinte de neuf mois. |
These days, particularly in your profession, twenty-five-year marriages are uncommon. Why has yours lasted? | De nos jours, particulièrement dans ta profession, un mariage de vingt-cinq ans est rare. Pourquoi le vôtre a-t-il duré ? |
We both are busy with what we care about. She’s good at what she does, and I leave her alone when it comes to that. I spent so much time on the road that we were always glad to see each other when the tours were over. The other thing is I guess we like each other. | Nous sommes tous les deux occupés avec nos propres affaires. Elle sait y faire avec ce qu’elle fait et dans son domaine je la laisse faire. Je passais tellement de temps sur la route qu’à la fin des tournées nous étions toujours heureux de nous revoir. En outre, je pense que nous nous plaisons. |
Is there a lot of music in your house? What music do your kids listen to? | Y a-t-il beaucoup de musique chez vous ? Quelle musique tes fils écoutent-ils ? |
When Ahmet was in sixth grade, he liked “Fiddler on the Roof” and “Oliver!”. Recently he discovered Hoagy Carmichael and Johnny Mercer. Diva likes rap music of all languages. Moon likes dance-oriented stuff. Dweezil likes anything with a guitar in it. | Quand Ahmet était en sixième, il aimait « Fiddler on the Roof » et « Oliver ! ». Il a récemment découvert Hoagy Carmichael et Johnny Mercer. Diva aime la musique rap dans toutes les langues. Moon aime les choses axées sur la danse. Dweezil aime toutes les choses avec une guitare. |
How do you like his music? | Aimes-tu sa musique ? |
The best of it, I think, is his instrumental music, which is very involved technically; the rhythms and intervals are complicated and his execution is spotless. | La meilleure chose, à mon avis, c’est sa musique instrumentale, techniquement elle est très difficile ; les rythmes et les intervalles sont compliqués et son exécution est impeccable. |
How about you? Have you lost your interest in rock & roll? | Et toi ? As-tu perdu tout intérêt pour le rock & roll ? |
My main interest is composition: getting an idea and manifesting it in a way that people can listen to. | Mon intérêt principal est la composition : avoir une idée et l’exprimer de manière que les autres puissent l’écouter. |
How much has technology changed your music? | À quel point la technologie a-t-elle changé ta musique ? |
Without the computer I would still be at the mercy of musicians to play my music. I would also be at the mercy of governmental and civic entities that fund performances. | Sans l’ordinateur, je serais toujours à la merci des musiciens qui jouent ma musique. Je serais aussi à la merci des organismes gouvernementaux et civiques qui financent les spectacles. |
After your last tour, you said you wouldn’t be touring again. | Après ta dernière tournée, tu as dit que tu n’en ferais plus. |
Well, I couldn’t afford it. I lost $400,000 on it and I don’t wish to experience that again. | Eh bien, je ne pourrais pas me le permettre. J’y ai perdu 400 000 dollars et je ne veux pas répéter cette expérience. |
Do you ever miss the… | As-tu déjà manqué la… |
Rock-and-roll life? No. | La vie rock & roll ? Non. |
How about the experience of the performance? | Qu’en est-il de la performance ? |
A little bit. Every once in a while I feel like playing the guitar, but I stop and think what I’d have to go through in order to do it. The urge goes away. | Un petit peu. De temps en temps, il me prend l’envie de jouer de la guitare, mais je m’arrête et je pense à tout ce que je devrais endurer pour le faire. L’impulsion recule. |
Is it particularly gratifying to get commissions such as the one from the Frankfurt Festival last year? | Est-ce particulièrement gratifiant d’obtenir des engagements comme ce du Festival de Francfort l’année dernière ? |
That one was really something. It was a whole evening of my music, which was part of a whole week of my music, new pieces and old. It was performed in Frankfurt, Berlin and Vienna. | C’était une chose très spéciale. C’était une soirée entière de ma musique, dans le cadre d’une semaine entière de ma musique, avec des pièces nouvelles et anciennes. Elle a été jouée à Francfort, Berlin et Vienne. |
Do you have any theories about why your music has been more popular in Europe than in America? | As-tu une théorie expliquant pourquoi ta musique a eu plus de succès en Europe qu’en Amérique ? |
Germans, in particular, have a history of supporting new composition. They also have a viable contemporary tradition of new music that gets funded and performed regularly. | Les Allemands, en particulier, ont toujours encouragé les nouvelles compositions. Ils ont également une solide tradition contemporaine de musique moderne, la financent et la jouent régulièrement. |
Was it always your goal to do classical music? | Ton objectif a-t-il toujours été de faire de la musique classique ? |
That’s where I started. I didn’t write rock & roll until I was in my twenties, but I started writing other kinds of music. I couldn’t play it, I could only write it. | C’est là que j’ai commencé. Je n’ai pas écrit du rock & roll avant mes vingt ans, j’avais plutôt commencé à écrire d’autres types de musique. Je ne pouvais pas la jouer, je pouvais seulement l’écrire. |
Where did the interest come from? | D’où venait ton intérêt ? |
I liked the way music looked on paper. It was fascinating to me that you could see the notes and somebody who knew what they were doing would look at them and music would come out. I thought it was a miracle. I was always interested in graphics, and I spent most of my creative time in my early days in school drawing pictures. I got a Speedball pen and a jar of Higgins India ink and some music paper and, shit, I could draw those. | J’aimais l’image de la musique sur le papier. J’étais fasciné par le fait que les notes pouvaient être vues et que quelqu’un qui comprenait leur fonction pouvait les lire et en tirer de la musique. Ça me semblait un miracle. J’ai toujours été intéressé par le graphisme et pendant mes années d’école, j’utilisais la plupart de ma créativité pour faire des dessins. J’avais un stylo Speedball et une boîte d’encre Higgins India et des pentagrammes et, putain, je pouvais y dessiner dessus. |
It was originally about a picture, not a sound? | Il s’agissait à l’origine d’une image, pas d’un son ? |
Yes. And then I got someone to play it. I went to my grandmother’s funeral when I was little and I sat there looking at the candles. The choir was singing, and when they would sing a note, the candles would respond to it. I didn’t know why. I was a little kid; what the fuck did I know about physics? But it was a physical manifestation of a sound. I remembered it; I put it in the memory bank to see what I could do with it later. It shows how bored I was at the funeral. | Oui. Et puis, j’ai trouvé quelqu’un pour la jouer. Quand j’étais petit, je suis allé aux funérailles de ma grand-mère et j’étais assise là-bas en regardant les bougies. Le chœur chantait et quand ils chantaient une note, les flammes des bougies y réagissaient. Je ne savais pas pourquoi. J’étais un petit enfant ; que diable savais-je de la physique ? Mais c’était la manifestation physique d’un son. Je m’en souviens ; je l’ai mémorisé pour voir ce que je pourrais en faire plus tard. À partir de là, on peut comprendre à quel point je m’ennuyais à ces funérailles. |
Did your parents play music? | Tes parents jouaient-ils de la musique ? |
No. We had a very unmusical household. | Non. Nous avions un environnement familial fort peu enclin à la musique. |
Your father worked with poison gas for a living. Did you understand the implications of that? | Ton père gagnait sa vie en travaillant avec des gaz toxiques. Comprenais-tu les implications ? |
Yeah. I just took it as a fact of life. We lived in a place where we were obliged to have gas masks hanging on the wall in case the tanks broke, because you could die. Thinking back on it, if those tanks had broken, those gas masks wouldn’t have saved us. | Ouais. Je l’ai pris comme une donnée de fait et c’est tout. À l’endroit où nous vivions, nous étions obligés de garder des masques à gaz sur le mur, au cas où les réservoirs se seraient brisés, parce qu’ils étaient mortels. En y repensant, si ces réservoirs s’étaient brisés, ces masques à gaz ne nous auraient pas sauvés. |
How close were the tanks? | À quelle distance étaient les réservoirs ? |
There were tanks of mustard gas next to the Army housing we lived in. We were right down the street from this shit. We had a rack in the hall, with Daddy’s mask, Momma’s mask and Frank’s mask hanging on it. I used to wear mine all the time. It was my space helmet. There was a can at the end of the hose that had the filtration unit in it, and I always wondered what was in it. I took a can opener and unscrewed it to find out how it worked. My father got very upset when I opened it up because I broke it and he would have to get me another one, which he never did. I was defenseless. | Il y avait des réservoirs de gaz moutarde près de la caserne militaire où nous vivions. Cette merde était juste en bas de la rue. À l’entrée nous avions un porte-manteau avec le masque de papa, le masque de maman et le masque de Frank. Je portai toujours le mien. C’était mon casque spatial. Il y avait une boîte au bout du tube qui contenait le filtre et je me demandais toujours ce qu’il y avait là-dedans. J’ai pris un ouvre-boîte et je l’ai ouverte pour voir comment il fonctionnait. Mon père a été très en colère quand je l’ai ouverte parce que je l’avais cassée et il aurait dû m’en prendre une autre, ce qu’il n’a jamais fait. J’étais sans défense. |
Were your parents religious? | Tes parents étaient-ils religieux ? |
Pretty religious. | Plutôt religieux. |
Church and confession? | Église et confession ? |
Oh yeah. They used to make me go. They tried to make me go to Catholic school, too. I lasted a very short time. When the penguin came after me with a ruler, I was out of there. | Oh ouais. Ils me faisaient y aller. Ils ont aussi essayé de me faire aller dans une école catholique. J’y suis resté un temps très court. Quand le pingouin m’a menacé avec une règle, je suis parti de là. |
So you were headstrong. | Donc tu étais têtu. |
Yeah. I still went to church regularly, though, until I was eighteen years old. Then suddenly, the light bulb went on over my head. All the mindless morbidity and discipline was pretty sick: bleeding this, painful that and no meat on Friday. What is this shit? | Ouais. Mais jusqu’à mes dix-huit ans, j’ai continué d’aller régulièrement à l’église. Puis, soudain, une ampoule s’est allumée dans ma tête. Toute cette morbidité et discipline insensées étaient nulles : celui-ci saignait, celui-là était douloureux et pas de viande le vendredi. C’est quoi cette merde ? |
Is the irreverence and outrageousness in your music a reaction to being a good Catholic boy? | L’irrévérence et la provocation de ta musique sont-elles une réaction au fait d’avoir été un bon gars catholique ? |
Well, I think it was possible to do what I’ve done only because I escaped the bondage of being a devout believer. To be a good member of the congregation, ultimately you have to stop thinking. The essence of Christianity is told to us in the Garden of Eden story. The fruit that was forbidden was on the tree of knowledge. The subtext is: all the suffering you have is because you wanted to find out what was going on. You could still be in the Garden of Eden if you had just kept your fucking mouth shut and hadn’t asked any questions. | Eh bien, je pense que je n’aurais pas pu faire ce que j’ai fait si je n’avais pas échappé à l’esclavage d’être un croyant dévot. Pour être un bon membre de la communauté religieuse, tu dois, en substance, arrêter de penser. L’essence du christianisme nous est racontée dans l’histoire du Jardin d’Éden. Le fruit défendu était sur l’arbre de la connaissance. Le sous-entendu est : toutes vos souffrances dérivent d’avoir voulu découvrir la réalité. Vous auriez pu toujours être dans le Jardin d’Éden, si vous aviez gardé votre foutue gueule fermée sans poser de questions. |
Did the end of your religiousness coincide with your step into rock & roll? | La fin de ta religiosité a-t-elle coïncidé avec ton entrée dans le rock & roll ? |
It was right about the same time. I was pretty isolated. There weren’t any cultural opportunities in Lancaster. You couldn’t just go to a concert. There was nothing. | C’était à peu près à la même époque. J’étais assez isolé. Il n’y avait pas d’événements culturels à Lancaster. On ne pouvait même pas aller à un concert. Il n’y avait rien. |
Were you tempted by drugs? | As-tu été tenté par les drogues ? |
All you’d have to do was look at the people who used them and that was enough. People would do frightening things and think it was fantastic. Then they would discuss it endlessly with the next guy, who had taken the same drug. I tried marijuana and waited for something to happen. I got a sore throat and it made me sleepy. I’d look at them and go: “Why?”. I’m not going to be Bill Clinton and say I never inhaled. I did inhale. I couldn’t understand what the big attraction was. I liked tobacco a lot better. | J’ai juste eu à observer ceux qui les utilisaient et ça m’a suffi. Ils faisaient des choses terrifiantes et pensaient que c’était génial. Puis ils se disputaient sans cesse à ce sujet avec n’importe qui d’autre qui avait pris la même drogue. J’ai essayé la marijuana et j’ai attendu qu’il se passe quelque chose. Elle m’a fait mal à la gorge et rendu somnolent. Je les ai regardés et j’ai dit : « Pourquoi ? ». Je ne veux pas faire comme Bill Clinton et dire que je ne l’ai jamais inspirée. Je l’ai inspirée. Je ne pouvais pas comprendre quel était son grand attrait. J’aimais beaucoup plus le tabac. |
Were you involved in other aspects of the counterculture? | As-tu été impliqué dans d’autres aspects de la contre-culture ? |
In order to be a part of it, you had to buy into the whole drug package. You had to have been experienced, in the Jimi Hendrix sense of the word. And all the people I knew who had been experienced were on the cusp of being zombies. | Pour en faire partie, tu devais accepter l’ensemble du paquet des drogues. Tu devais ‘avoir expérimenté’ au sens de Jimi Hendrix du terme. Et tous ceux que je connaissais qui ‘avaient expérimenté’ étaient sur le point de devenir des zombies. |
Was it disconcerting that your audiences were high much of the time? | Ça te dérangeait-il que ton public fût, la plupart du temps, défoncé ? |
The worst part of it for me was that I really didn’t like the smell of marijuana. I had to go into a place that had the ✄ purple haze and work for a couple of hours in that. They were entitled to do whatever they wanted, so long as they didn’t drive into me under the influence of it. | Le pire pour moi était que je n’aimais vraiment pas l’odeur de la marijuana. Je devais aller dans des endroits enveloppés de cette ✄ brume pourpre et y travailler pendant deux heures. Ils avaient le droit de faire ce qu’ils voulaient pour autant qu’ils ne me renversaient pas avec la voiture pendant qu’ils étaient défoncés. |
But you told people drugs were stupid, before Nancy Reagan did. | Mais c’était toi, avant Nancy Reagan, qui as dit que les drogues étaient stupides. |
One of the reasons we weren’t rabidly popular at that time was that I said what was on my mind about drugs. | L’une des raisons pour lesquelles nous n’étions pas très populaires à l’époque était parce que je disais ce que je pensais des drogues. |
Did you feel like an outsider? It’s safe to say that every other major rock star in those days was… | Te sentais-tu comme un étranger ? À l’époque, toutes les autres grandes stars du rock étaient sûrement… |
Looped. It wasn’t just the other musicians but the people in the band. The guys in the band who wished they could do drugs couldn’t because it meant unemployment. I was unpopular for it. As for the rock stars, if you’ve met them, you know that they generally have very little on their minds. I never had any great desire to hang out with them. | Des camés. Non seulement les musiciens mais aussi ceux qui travaillaient pour les groupes. Les gars de mes groupes qui voulaient consommer de la drogue ne pouvaient pas le faire parce que ça impliquait d’être viré. J’étais mal vu pour ça. Quant aux rock stars, si tu les connais, tu sais qu’elles ont très peu de choses en tête. Je n’ai jamais eu une grande envie de traîner avec eux. |
Did any of the big acts of the time interest you? How about Dylan, Hendrix, the Stones? | N’étais-tu pas intéressé par aucun des grands de l’époque ? Dylan, Hendrix, les Stones ? |
Some of the really good things that Hendrix did was the earliest stuff, when he was just ripping and brutal. ♫ “Manic depression” was my favorite Jimi Hendrix song. The more experimental it got, the less interesting and the thinner it got. As for Dylan, “Highway 61 Revisited” was really good. Then we got “Blonde On Blonde” and it started to sound like cowboy music, and you know what I think of cowboy music. I liked the Rolling Stones. | Les meilleures choses que Hendrix a faites ont été les premières, quand il était très vigoureux et brutal. Mon morceau préféré de Jimi Hendrix était ♫ « Maniaco-dépressif ». Plus sa musique devenait expérimentale, moins elle devenait intéressante et robuste. Quant à Dylan, « Autoroute 61 Revisitée » était très bon. Puis il y a eu « Blond sur Blond » et ça a commencé à ressembler à de la musique de cow-boy, et tu sais bien ce que je pense de la musique de cow-boy. J’aimais les Rolling Stones. |
Did Mick Jagger once pull a splinter out of your toe? | Est-il vrai qu’une fois Mick Jagger a arraché une écharde de ton gros orteil ? |
Yeah. He came by my house and I was hopping around because of this splinter, so he pulled it out. Good story, huh? I did like his attitude and the Stones’ attitude. Ultimately, though, the music was being done because it was product. It was pop music made because there was a record company waiting for records. | Ouais. Il est venu chez moi et je boitais à cause d’une écharde, alors il l’a arraché. Bonne histoire, hein ? J’aimais son attitude et l’attitude des Stones. Mais, en fin de compte, leur musique était jouée parce que c’était un produit. C’était de la musique pop faite parce qu’il y avait un label qui attendait des disques. |
Is that why you founded Straight Records? | Est-ce pour ça que tu as lancé Straight Records ? |
I naively thought that if there was some venue for nonstandard material, the material would find a market. But it failed because it was independent and had independent distribution. We lost our butt on that one. So the only way you can really do an independent label is to distribute through a major that has some clout to collect from the retailers. | Je pensais naïvement que s’il y avait un lieu pour du matériel non standard, il trouverait un marché. Mais il a échoué parce qu’il était indépendant et avait une distribution indépendante. Nous avons perdu tout un tas d’argent. Donc la seule façon de créer vraiment un label indépendant est de le distribuer à l’aide d’une grande maison qui a un nom auprès les détaillants. |
How are your current labels, Barking Pumpkin and Zappa Records, doing? | Comment vont tes labels actuels, Barking Pumpkin et Zappa Records ? |
We have a very loyal fan base in several countries. Although the sales figures worldwide aren’t anywhere near what the big rock stars would do if they released an album, the people who like what we do are very enthusiastic about it. That gives you a certain amount of leverage with record companies. You hook up with a major distributor but still control what you do. Since I have a record company of my own that controls the masters, the amount I make per unit - as the record company as opposed to the artist - is substantially more. I can sell three units and stay in business. | Nous avons un cercle fidèle de fans dans plusieurs pays. Bien que les chiffres des ventes mondiales ne soient nulle part comparables à ceux des albums sortis par les grandes rock stars, ceux qui aiment ce que nous faisons en sont ravis. Ça te donne un certain poids auprès les labels. Tu es à la remorque d’une distribution importante, mais tu continues de contrôler ce que tu fais. Depuis que j’ai mon propre label qui a le contrôle des bandes originales, ce que je gagne par disque - comme rapport entre l’artiste et le label - est considérablement plus grande. Je peux vendre trois disques et rester sur le marché. |
What inspired you to form your first band, the Blackouts? | Qu’est-ce qui t’a inspiré pour former ton premier groupe, les Blackouts ? |
In Lancaster there wasn’t any rock & roll, unless you listened to it on a record. Most of the people who liked R&B were not the white sons and daughters of the alfalfa farmers or defense workers who lived there. There were a number of Mexicans and a lot of black kids, and they liked that kind of stuff. So I put together this racially mixed ensemble that liked to play that kind of music. We banged our heads against the wall just like every other garage band, trying to figure out how to play, it. There’s no guidebook. | Il n’y avait pas de rock & roll à Lancaster, à moins de l’écouter sur les disques. La plupart des ceux qui aimaient le rhythm & blues n’étaient pas les fils blancs des producteurs de luzerne ou des fonctionnaires de l’armée qui vivaient là-bas. Il y avait quelques Mexicains et beaucoup de Noirs, et ils aimaient cette musique. J’ai donc commencé ce groupe racialement mixte qui aimait jouer de la musique de ce genre. Comme tout autre groupe de garage, nous avons eu du mal à comprendre comment elle devrait être jouées. Il n’y avait pas de manuels. |
Were you playing high school dances? | Jouiez-vous aux bals du lycée ? |
No, they wouldn’t let us. I had to mount my own events. One time we rented the Lancaster Women’s Club to put on a dance. When the authorities heard that there was going to be this rock-and-roll dance in their little cowboy community, they arrested me at six that evening for vagrancy. I spent the night in jail. It was right out of a teenage movie. But the dance went off anyway. | Non, ils ne nous l’auraient pas permis. J’ai dû organiser mes propres événements. Une fois, nous avons loué le Club de Femmes de Lancaster pour une danse. Quand les autorités ont appris qu’il allait y avoir une danse rock & roll dans leur petite communauté de cow-boys, m’ont arrêté à six heures du soir pour errance. J’ai passé la nuit en prison. Je venais de sortir d’un film pour ados. Mais, de toute façon, la danse a été annulée. |
Did that group metamorphose into the Mothers of Invention? | Ce groupe est-il devenu les Mothers of Invention ? |
That was just a high school band. After I got out of high school and moved away, I played other kinds of gigs, like a short stint with Joe Perrino & The Mellotones. We are allowed to play one twist number per night. The rest was “Happy birthday”, “Anniversary waltz” and all the standards. I wore a little tux and strummed chords, bored. I got sick of that and stuck my guitar in the case and put it behind the sofa and left it there for eight months. I got a job doing greeting card designs, and for fun I wrote chamber music. I ran into some people who knew a guy named Paul Buff who had a studio. I started doing some work over there. I met Ray Collins, who was working weekend gigs with the Soul Giants. He got into a fistfight with the guitar player. They needed a substitute guitar player in a hurry, so he called me. I got really involved and learned how hard it is to run a band, especially if you are trying to put together some nonstandard musical offering with no money. You try to convince a musician that it is a worth-while thing to do, when deep in his heart every rock musician thinks that he, too, should be the fourth member of Cream or the eighteenth Beatle. That group of people became the Mothers, anyway. | Ce n’était qu’un groupe de lycée. Après avoir terminé le lycée et déménagé, j’ai joué dans d’autres types de concerts, comme un court passage avec Joe Perrino & The Mellotones. Nous ne pouvions jouer qu’un seul morceau de twist par soir. Le reste était « Joyeux anniversaire », « La valse de l’anniversaire » et tous les morceaux traditionnels. Je portais un petit smoking, et grattais les accords, ennuyé. J’en ai eu marre, j’ai mis la guitare dans l’étui, je l’ai mise derrière le canapé et je l’ai laissée là pendant huit mois. J’ai trouvé un travail en tant que concepteur de cartes de vœux et j’écrivais de la musique de chambre comme passe-temps. J’ai rencontré quelqu’un qui connaissait un mec nommé Paul Buff qui avait un studio. J’ai commencé à travailler là-bas. J’ai rencontré Ray Collins, qui jouait avec les Soul Giants le week-end. Il s’était battu avec le guitariste. Ils avaient besoin d’un remplacement rapide pour le guitariste, alors il m’a appelé. Ça m’a engagé sérieusement et j’ai appris combien il est difficile de gérer un groupe, surtout quand on essaie, sans argent, de monter une offre musicale hors norme. Tu essayes de convaincre les musiciens que ça vaut le coup, alors qu’au fond de son cœur tout musicien de rock rêve d’être le quatrième membre des Cream ou le dix-huitième des Beatles. Quoi qu’il en soit, ce groupe-là est devenu les Mothers. |
So named because? | Ainsi appelé pourquoi ? |
I don’t know. We chose the name on Mother’s Day. | Je ne sais pas. Nous avons choisi le nom le jour de la Fête des Mères. |
Do you look at those as the good old days? | Considères-tu cela comme le bon vieux temps ? |
I look at those as the old days. But we did have fun. | Je le considère comme le vieux temps. Mais on s’est amusé. |
What was the music scene like? | Comment était la scène musicale ? |
Pretty bizarre. It was the days of all these Sixties bands, including Jefferson Airplane and Paul Butterfield and Johnny Rivers. We opened for Lenny Bruce at the Fillmore West in 1966. I asked him to sign my draft card, but he said no. | Plutôt extravagant. C’était l’époque de tous ces groupes des années Soixante, parmi lesquels les Jefferson Airplane, Paul Butterfield et Johnny Rivers. Nous avons été la première partie de Lenny Bruce au Fillmore West en 1966. Je lui ai demandé de signer ma carte de précepte, mais il a dit non. |
Is that when you had your run-in with John Wayne? | C’était quand tu t’es disputé avec John Wayne ? |
Yeah. He came to one show very drunk. He saw me and picked me up and said: “I saw you in Egypt and you were great… and then you blew me!” Onstage I said: “Ladies and gentlemen, it’s Halloween and we were going to have some important guests here tonight - like George Lincoln Rockwell, head of the American Nazi Party - but unfortunately all we could get was John Wayne”. He got up and made some drunken speech, and his bodyguards told me I’d better cool it. | Ouais. Il est arrivé ivre mort à un spectacle. Il m’a vu, s’est tourné vers moi et m’a dit : « Je t’ai vu en Égypte et tu étais génial… et puis tu m’as bouleversé / tu me l’as sucée ! » Sur scène, j’ai dit : « Mesdames et messieurs, c’est Halloween et nous aurions dû avoir des invités importants ce soir - comme George Lincoln Rockwell, chef du parti nazi américain - malheureusement, nous n’avons que John Wayne ». Il s’est levé, a marmonné quelque chose et ses gardes du corps m’ont dit que je ferais mieux de baisser d’un ton. |
There were other characters - such as Cynthia Plaster Caster. Tell us about her. | Il y avait d’autres personnages, comme Cynthia Plaster Caster. Parle-nous d’elle. |
Eric Clapton introduced me to the Plaster Casters. They had all these statues of the dicks of people like Jimi Hendrix. One of them mixed the plaster stuff to make a mold, and the other gave the guy a blow job. She took her mouth off the guy’s dick, and then the other one slammed the mold onto it. We declined to be enshrined, so to speak. | Eric Clapton me présenta les Plaster Casters. Elles avaient tous ces moulages de bites de gens comme Jimi Hendrix. L’une d’elles mélangeait le plâtre pour faire un moulage et l’autre taillait une pipe au garçon. Elle retirait sa bouche de la bite du garçon, puis l’autre claquait le moulage dessus. Nous refusâmes d’être immortalisés, pour ainsi dire. |
During those years, the Mothers were famous for being a hardworking band. You were on the road all the time. | Pendant ces années-là, les Mothers étaient célèbres pour être un groupe qui travaillait dur. Vous étiez toujours en tournée. |
We played everywhere. Like the time we spent in Montreal, when we played a club called the New Penelope and it was twenty degrees below zero. We walked from our hotel to the club, and the snot had literally frozen in our noses by the time we got to work. The wind instruments got so cold that if you tried to play them, your lips and fingers would freeze to them. The instruments couldn’t even be played until they were warmed up. It was pretty primitive. If we hadn’t experienced that, we probably wouldn’t have come up with some of the more deranged types of audience participation and audience punishment things that we were doing at the time. | On a joué partout. Comme quand nous étions à Montréal, où nous jouions dans un club appelé New Penelope, il faisait trente degrés au-dessous de zéro. Nous marchions de notre hôtel au club et au moment où nous nous mettions au travail, le mucus était littéralement congelé dans nos nez. Les instruments à vent devenaient si froids que quand tu essayais de les jouer, tes lèvres et tes doigts s’y collaient. Nous ne pouvions pas les jouer jusqu’au moment où ils étaient réchauffés. Il était assez primitif. Si nous n’avions pas vécu ça, nous n’aurions pas conçu certains des numéros de participation du public et de punition du public les plus dérangés que nous faisions à l’époque. |
Audience punishment things? | Punition du public ? |
The question became: how far would they go? What could we get an audience to do? The answer seemed to be: anything. We’d bring someone up and go: “Take your shoes and socks off, put your socks on your hands and lick them while we play”. Anything we could think of. So long as the person telling them to do it was onstage, they would do it. The rest of the people in the audience were laughing at the person who was doing the most ridiculous things but saying at the same time: “I could do that! That could be me!”. | La question était devenue : jusqu’où iraient-ils ? Qu’aurions-nous pu faire faire au public ? On aurait dit que la réponse était : n’importe quoi. Nous prenions quelqu’un et lui disions : « Enlève tes chaussures et tes chaussettes, tiens tes chaussettes dans la main et lèche-les pendant que nous jouons ». Tout ce que nous pouvions penser. Pour autant que celui à qui l’on demandait de faire quelque chose soit sur scène, il le faisait. Les autres dans le public se moquaient de ceux qui faisaient les choses les plus absurdes, mais en même temps ils pensaient : « Moi aussi je pourrais le faire ! Il pourrait être moi ! ». |
At a theater in New York, which had once been a porno theater or something, there was a projection booth at the far end of the stage. We ran a wire from there to the opposite side of the stage. We had pulleys on it. Our drummer, Motorhead, was instructed to attach objects to the line at random times during the show and fly them down. When they would land onstage, whatever arrived, we would improvise on it. Once, he sent down a baby doll in a doggie-style position with its head removed. It flew over the audience, whizzing by like in apparition over their heads, and crashed into the post over us. It was followed shortly by a three-foot-long Genoa salami that sodomized the doll. It seemed to me that there was no reason to waste this perfectly good salami, so I invited this lovely girl with very long hair, wearing a kind of Little Miss Muffet costume, to come up onstage and eat the whole salami. We played and she ate the salami. She started to cry because she couldn’t finish it. I told her it was OK, that we would save it for her and she could come back and eat the rest of it. She did. | Dans un théâtre de New York, qui était autrefois un cinéma porno ou quelque chose comme ça, il y avait une cabine de projection de l’autre côté de la scène. Nous avons fait passer un câble de là à la scène. Nous avons monté des poulies. Pendant le spectacle, notre batteur, Motorhead, était chargé de suspendre des objets au câble et, à l’improviste, de les faire descendre. Quand un objet atterrissait sur scène, quel qu’il soit, on improvisait dessus. Une fois, il a envoyé une poupée sans tête, en levrette. Elle a survolé le public, filant vite comme une apparition par-dessus de leurs têtes, et s’est écrasée sur le poteau au-dessus de nous. Elle fut bientôt suivie d’un salami d’un mètre de long qui la sodomisa. Il me semblait dommage de jeter ce salami encore bon, alors j’ai invité sur scène une belle fille aux cheveux très longs, vêtue d’une robe à la Miss Muffet, à le manger tout. Nous avons joué pendant qu’elle mangeait le salami. Elle a commencé à se plaindre qu’elle ne pouvait pas le finir. Je lui ai dit que c’était bien, que nous le garderions pour elle et qu’elle pourrait revenir manger le reste. Elle l’a fait. |
Do you keep up with popular music now? | Suis-tu la musique pop d’aujourd’hui ? |
What’s to keep up with? If anything’s sensational, it won’t be on MTV, it’ll be Sister Souljah on Larry King. | Qu’est-ce qu’il y a à suivre ? S’il y a quelque chose de sensationnel, ce ne sera pas sur MTV, ce sera Nonne Souljah sur Larry King. |
You had your own talk show on FNN for a short time. What started that brief career? | Pendant une courte période, tu as fait ton propre talk-show sur Financial News Network. Qu’est-ce qui a commencé cette courte carrière ? |
I was invited to be a guest on Bob Berkowitz’ show to talk about business opportunities in the Soviet Union, which I knew something about from my travels there. It was a fairly amusing half hour. After that, Bob asked me to guest-host his show while he was on vacation. | J’avais été invité au show de Bob Berkowitz pour parler des opportunités commerciales en Union Soviétique, dont je savais quelque chose de mes voyages là-bas. C’était une demi-heure assez amusante. Après ça, Bob m’a demandé de diriger son show pendant qu’il était en vacances. |
You tried to book Czechoslovakia’s president Václav Havel as a guest, right? | Tu as essayé d’inviter le président de la Tchécoslovaquie, Václav Havel, n’est-ce pas ? |
I knew a guy who had been a rock-and-roll musician who, after the revolution, was a ranking member of the Czech parliament. I asked him whether or not he could arrange for me to meet Havel so that I could interview him about the country’s economy for FNN. I met with Havel and found that the minute I started talking with him about economics, he turned me over to his advisors; he didn’t know anything about it. We didn’t do the interview, but it was great meeting with him. | Je connaissais quelqu’un qui avait été musicien de rock & roll et qui, après la révolution, était devenu un membre important du parlement tchèque. Je lui ai demandé s’il pouvait organiser une rencontre avec Havel afin que je pusse l’interviewer pour Financial News Network sur l’économie du pays. J’ai rencontré Havel et, quand j’ai commencé à lui parler d’économie, il m’a adressé à ses consultants ; j’ai découvert qu’il n’en savait rien. Nous n’avons pas fait l’interview, mais ce fut une rencontre mémorable. |
Why Havel? | Pourquoi Havel ? |
I happen to think that the Velvet Revolution was a little bit of a miracle. Since he was kind of the focal point of the whole thing, I thought he’d be a nice guy to talk with. He was. In the middle of everything, he mentioned that Dan Quayle was coming to visit. I expressed my condolences. I told him I was sorry that he was going to be forced to have a conversation with anyone that stupid. It eventually must have gotten back to the U.S. embassy. Instead of sending Quayle, James Baker - who was on his way to Moscow - rerouted his trip and went to Prague. | Je pense que la Révolution de Velours a été presqu’un miracle. Vu qu’il était comme le point central de tout cela, j’ai pensé qu’il serait la bonne personne à qui parler. Il l’était. Entre autres choses, il m’a dit que Dan Quayle venait le voir. Je lui ai exprimé mon regret. Je lui ai dit que j’étais désolé qu’il ait été forcé d’avoir une conversation avec quelqu’un d’aussi stupide. L’ambassade des États-Unis a été informée de ça. Au lieu d’envoyer Quayle, James Baker - qui se rendait à Moscou - dérouta son voyage et passa par Prague. |
What do you think of the breakup of Czechoslovakia? | Que penses-tu de la division de la Tchécoslovaquie ? |
It’s a big mistake. The crash program for economic reform is part of what led to the breakup of the country. Prime Minister Václav Klaus, who was the advocate of the fast economic reform a la Poland, is a person who is well respected by Western financial people because he talks their language. This has a tendency to assure potential Western backers, who are not comfortable with a guy who wants to go slowly. But there are factors that make it necessary to go slowly. Now there is no intellectual core in charge of the revolution, and the country has divided up, which is a mistake. Smaller entities tend to be less efficient; every small country has to reinvent the wheel. They have to set up a new constitution, a legislature, currency. It’s happening in every one of the small breakaway republics. It gives the people personal gratification as a nationality, but the price is chaos. | C’est une grave erreur. Le programme intensif de réformes économiques a contribué à la division du pays. Le premier ministre Václav Klaus, qui a prôné une réforme économique rapide à la polonaise, jouit d’une bonne réputation auprès les financiers occidentaux parce qu’il parle leur langue. Ça tend à rassurer les supporters occidentaux potentiels, qui ne sont pas à l’aise avec ceux qui veulent avancer pas à pas. Mais il y a des facteurs qui rendent nécessaire d’avancer pas à pas. Désormais, à la tête de la révolution il n’y a plus de noyau intellectuel et le pays s’est divisé, ce qui est une erreur. Les entités plus petites ont tendance à être moins efficientes ; chaque petit pays doit réinventer la roue. Ils doivent établir une nouvelle constitution, une législature, une monnaie. Ça se passe dans chacune des petites républiques séparatistes. Le nationalisme donne au peuple une gratification personnelle, mais le prix à payer est le chaos. |
But you’re all for smaller governments and more local control, aren’t you? | Mais tu es en faveur de gouvernements plus petits et d’un contrôle plus local, n’est-ce pas ? |
No, because that means more governments. | Non, parce que ça signifie plus de gouvernements. |
But smaller governments might better reflect their constituents. | Cependant, les gouvernements plus petits pourraient mieux refléter leurs composantes. |
That’s a reasonable assumption, if it were all going to work fairly. But I think that behind each breakaway movement is a breakaway demagogue who will set up his breakaway demagogue government. In many breakaway countries the governments now say, on paper, that you are free to be an entrepreneur. Well, that’s great if you have cash to invest. But who has the cash? The party bosses who were there before are the new entrepreneurs. Guys who got thrown out of office wound up buying restaurants, hotels or factories. The drones who were wandering around the streets are still wandering, even though they have the right to be entrepreneurs. That’s certainly true in Russia, Hungary and Czechoslovakia. I haven’t been to Poland yet. | Ce serait une hypothèse raisonnable si tout fonctionnait correctement. Mais, à mon avis, derrière chaque mouvement séparatiste, il y a un démagogue séparatiste qui établira son propre gouvernement démagogique séparatiste. Les gouvernements de nombreux pays séparatistes disent maintenant que tu es libre, en théorie, d’être entrepreneur. Eh bien, c’est génial si tu as de l’argent à investir. Mais qui en a ? Les nouveaux entrepreneurs sont les chefs des partis qui étaient là-bas avant. Ceux qui ont été expulsés de leurs bureaux ont fini par acheter des restaurants, des hôtels ou des usines. Les bureaucrates qui étaient dans le coin sont toujours dans le coin et ils ont aussi le droit d’être entrepreneurs. C’est certainement vrai en Russie, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Je ne suis pas encore allé en Pologne. |
Was it surprising that you had fans behind the iron curtain? | Ça t’a-t-il surpris d’avoir des fans au-delà du rideau de fer ? |
Yeah, and lots of people who didn’t like me - like the secret police. | Ouais, et beaucoup de gens qui ne m’aimaient pas - comme la police secrète. |
What did the secret police have against you? | Qu’est-ce que la police secrète avait contre toi ? |
In Prague, I was told that the biggest enemies of the Communist Czech state were Jimmy Carter and me. A student I met said that he was arrested by the secret police and beaten. They said they were going to beat the Zappa music out of him. | À Prague, on m’a dit que les pires ennemis de l’État communiste tchécoslovaque étaient Jimmy Carter et moi. Un étudiant que j’ai rencontré m’a dit qu’il avait été arrêté et battu par la police secrète. Ils avaient dit qu’ils feraient sortir la musique de Zappa de sa tête par la force. |
How did Czechs know about your music? | Comment les Tchèques connaissaient-ils ta musique ? |
It had been slipping in there since 1966 or 1967. The first album that was really popular there was “Absolutely Free”, the one with “Plastic people” ▲ on it. In Moscow, I was in the Ministry of Culture and met a young guy with a big Communist pin on his chest who said that he had earned his way through school bootlegging my tapes in from Yugoslavia. | Elle s’était infiltrée là-bas à partir de 1966 ou 1967. Le premier album vraiment populaire chez eux a été « Absolument Libre », celui avec « Gens en plastique » ▲. Quand j’ai été au Ministère de la Culture à Moscou, j’ai rencontré un gars avec une grosse épingle communiste sur la poitrine qui m’a dit qu’à l’école il gagnait sa vie en faisant passer en contrebande mes cassettes de la Yougoslavie. |
Were you glued to your TV set when the Berlin Wall came down and the rest of the U.S.S.R. unraveled? | Étais-tu collé à ta poste de télévision quand le Mur de Berlin est tombé et que le reste de l’Union Soviétique s’est effondré ? |
Yeah, and I was thrilled, even though I’m pretty disappointed by what’s happened since then. See, in that part of the world, the average guy in the street is like the average guy in the street anyplace else. He has the same desires. He wants something to eat, a roof over his head. He doesn’t want to freeze, he wants to get laid, he wants to have a long and happy life reasonably free of pain. If he has a trade or a craft, he wants to be able to do his job. Unfortunately, these normal people are represented by bad people, just like here. But they want what we want. The average guy there is just like us, Joe Sixpack, except his beer tastes better. | Ouais, et j’étais ravi, mais maintenant je suis assez déçu de ce qui s’est passé ensuite. Tu vois, dans cette partie du monde, l’homme moyen est comme l’homme moyen dans n’importe quel autre endroit. Il a les mêmes souhaits. Il veut quelque chose à manger, un toit au-dessus de sa tête. Il ne veut pas avoir froid, il veut faire du sexe, il veut avoir une vie longue et heureuse, raisonnablement exempte de douleur. S’il a un métier ou une profession, il veut pouvoir faire son boulot. Malheureusement, ces personnes normales sont représentées par des sales types, tout comme ici. Mais ils veulent ce que nous voulons. Chez eux, l’homme moyen est tout comme chez nous, Jean Dupont, excepté que sa bière est meilleure. |
How do you feel about America’s reaction to the changes in the former Soviet Union? | Que penses-tu de la réaction américaine aux changements dans l’ancienne Union Soviétique ? |
It’s underwhelming. I would call it reactionary. | Elle est décevante. Je l’appellerais réactionnaire. |
What would you have the United States do? | Que penses-tu que les États-Unis devraient faire ? |
If you really believed that the major threat to the universe was communism, the minute you saw it crumbling, wouldn’t you do everything you could to make sure it never came back? To make sure that the people in that part of the world have a chance to participate in something better, so they aren’t tempted to vote communism back in? That’s a real danger in these countries. Now that they have free elections, so long as there is any remnant of a Communist Party, even if they call it something else, it could easily be voted back in because their economy is in such bad shape. They don’t need a tank or a gun to regain control, they just need a ballot box. | Si nous pensions vraiment que la pire menace de l’univers était le communisme, après l’avoir vu s’effondrer, n’aurions-nous pas dû faire notre possible pour qu’il ne retourne jamais ? Pour s’assurer que les habitants de cette partie du monde aient une chance de participer à quelque chose de mieux et donc ne soient pas tentés de voter à nouveau pour les communistes ? C’est un vrai danger dans ces pays. Maintenant qu’ils ont des élections libres, tant qu’il y aura toute trace du parti communiste, même s’ils l’appellent d’une autre manière, il est probable qu’il sera voté à nouveau parce que leur économie est en mauvais état. Ils n’auront pas besoin de chars ni d’armes pour reprendre le pouvoir, les urnes leur suffiront. |
You planned to become involved in Russian businesses. What happened to the company you founded to do it? | Tu avais planifié ton implication dans les affaires avec les Russes. Qu’est-il arrivé à l’entreprise que tu avais fondée à cet effet ? |
Since I got sick, nothing happened. The idea was that there are a lot of small-to medium-sized U.S. companies that would like to have access to raw materials, patents, processes or other things they don’t know about that exist in Russia or other countries. A nation that plays chess that well, and where you can still get 15,000 people to show up to hear somebody read poetry, has something going for it. There’s a brain at work there. I suspect that because of their economic condition they’ve found ways to use string, chewing gum, reprocessed turnips - whatever they use - to do things in a way that we haven’t thought of. Somebody needs to go snooping around to find out what’s there and try to put those people together with American investors. It would help both countries. That’s what I was going to do. It was a better solution than having the Russian scientists flock out of there to get jobs making weapons for the Arabs or the Indians. | Il ne s’est rien passé depuis que je suis tombé malade. L’idée était qu’aux États-Unis, de nombreuses petites et moyennes entreprises souhaiteraient avoir accès en Russie ou dans d’autres pays à des matières premières, des brevets, des procédés ou d’autres choses dont elles ne connaissent pas l’existence. Un pays où les échecs se jouent si bien et où l’on peut toujours voir 15 000 personnes écouter quelqu’un lire de la poésie a quelque chose de spécial. Il y a des esprits à l’œuvre là-bas. Je suppose qu’en raison de leurs difficultés financières, ils ont découvert des moyens d’utiliser des cordes, du chewing-gum, des navets retravaillés, peu importe quoi, pour faire des choses d’une manière à laquelle nous n’avions pas pensé. Quelqu’un doit aller fouiner pour découvrir ce qu’il y a là-bas et essayer de mettre ces gens-là en contact avec des investisseurs américains. Ça aiderait les deux pays. C’est ce que j’allais faire. C’était une meilleure solution que l’émigration massive de scientifiques russes pour trouver des emplois en tant que fabricants des armes pour les Arabes ou les Indiens. |
Sometimes you sound like a political candidate. How serious was your plan to run for president? | Parfois, tu ressembles à un candidat politique. À quel point ton projet de te présenter pour la présidence était-il sérieux ? |
I wanted to do it. It’s a bit hard to mount a campaign if you have cancer and don’t feel well. | Je voulais le faire. Il est difficile de mener une campagne électorale quand tu as un cancer et tu ne te sens pas bien. |
If you hadn’t been ill, would you have run? | Si tu n’étais pas malade, te serais-tu présenté ? |
Yeah. And it’s a shame. We got calls and mail throughout the election. Squadrons of volunteers called. | Ouais. Et c’est dommage. Pendant les élections, nous avons reçu des appels et des lettres. Des escadrons de volontaires nous ont appelés. |
If you had run and won, what would President Zappa have done? | S’il avait participé et gagné, qu’aurait fait le président Zappa ? |
I would have started by dismantling the government. At least I would have presented the idea to the voters. | J’aurais commencé par démanteler le gouvernement. Au moins, j’aurais présenté l’idée aux électeurs. |
Nothing too revolutionary? | Ça n’aurait-il pas été trop révolutionnaire ? |
In the Beltway and places that have large federal payrolls, the idea wouldn’t be too popular, but in other places people would think it’s great. One strong selling point is that you could do away with federal income taxes, or at least reduce them to a point that people would have something left at the end of the week. In the end, I think people, in their enlightened self-interest, would consider voting for that. | L’idée n’aurait pas eu beaucoup de succès auprès de la caste politique et des employés du gouvernement, mais d’autres auraient pensé que c’était génial. Un point fort est que les impôts fédéraux sur le revenu auraient pu être abolis, ou du moins réduits à un point où les gens auraient encore quelque chose à la fin du mois. En fin de compte, je crois que les gens, dans leur clairvoyante intérêt égoïste, auraient pris en considération de voter pour ça. |
If you dismantled the government, you’d put yourself out of a job. | Si tu avais démantelé le gouvernement, tu aurais été au chômage. |
No, because most reasonable people would agree that we need roads, for instance, and water you can drink and breathable air. Most people realize that there has to be some coordinated infrastructure and a national offense that is commensurate with whatever threat you feel from other countries. | Non, parce que la plupart des gens raisonnables conviendraient que nous avons besoin de routes, par exemple, ainsi que d’eau potable et d’air respirable. Ils se rendent compte qu’il doit y avoir une infrastructure nationale coordonnée et une offense nationale à la mesure des menaces perçues par d’autres pays. |
National offense? | Une offense nationale ? |
I mean… well, what we have now is national offense. We should have national defense. | Je veux dire… eh bien, ce que nous avons maintenant est une offense nationale. Nous devrions avoir une défense nationale. |
You’ve said that you’re not a peacenik. | Tu avais dit que tu n’es pas pacifiste. |
Human nature and human stupidity often breed violence. When violence escalates to an international confrontation, you should be able to protect yourself. On the other hand, to plan for it - like we did throughout the Cold War - based on badly handled intelligence estimates of the threat to our national security is just stupid. Most intelligence estimates indicated that the Soviet couldn’t do shit to us, but they were ignored order to maintain the level of employment and financial activity in the defense industry. | La nature humaine et la bêtise humaine génèrent souvent de la violence. Quand la violence dégénère en un affrontement international, il faut pouvoir se protéger. D’un autre côté, il est tout simplement stupide de le planifier - comme nous l’avons fait pendant la Guerre Froide - sur la base d’estimations mal gérées par l’intelligence sur les menaces pour notre sécurité nationale. La plupart des estimations par l’intelligence indiquaient que les Soviétiques n’auraient pu pas faire une fichue chose contre nous, mais elles ont été ignorées afin de maintenir les niveaux d’emploi et d’investissement dans le secteur de la défense. |
Do you think that our recent election was irrelevant? | Penses-tu que nos récentes élections ont été inutiles ? |
Yes, because America has to be completely restructured. We have to question every institution in terms of efficiency. I’m serious about abandoning the federal system. | Oui, parce que l’Amérique doit être complètement restructurée. Nous devons évaluer chaque institution en termes d’efficacité. Je suis sérieux au sujet de l’abandon du système fédéral. |
Is there any way that it’s likely to happen? | Ça pourrait-il jamais arriver ? |
Not this week, but I wish people would at least consider it. They think: there it is, we’re stuck with it, it will go on forever. It doesn’t have to. The Soviet Union didn’t go on forever. If you want reform, the people who’ve been doing a bad job have to get fired. They have to go back to the used-car lot from where they came. | Pas de sitôt, mais j’aimerais qu’au moins les gens en tiennent compte. Les gens pensent : ça y est, il n’y a pas d’alternative, ça va continuer ainsi pour toujours. Pas nécessairement. L’Union Soviétique n’a pas duré pour toujours. Si tu veux réformer les choses, ceux qui ont mal fait doivent être virés. Ils doivent retourner chez les magasins de voitures d’occasion d’où ils viennent. |
Yet you’ve always pushed people to vote. Why bother? | Pourtant, tu as toujours poussé les autres à voter. Pourquoi s’embêter ? |
Even if you don’t like the candidates, there are issues that affect your life. Bond issues affect your pocketbook. That’s the only real reason for voting. As far as the rest of government is concerned, forget it. The amount of overstaffing, overlapping, wasted energy and pompous pseudograndeur is science fiction. All of it is supported by this universe of political talk shows. CNN is one of the worst offenders on the planet. It maintains the fiction of the theoretical value of the thoughts and words of these inferior human specimens who manage to become Beltway insiders. | Même si tu n’aimes pas les candidats, il y a des problèmes qui affectent ta vie. Les émissions obligataires affectent ton portefeuille. C’est la seule vraie raison de voter. Quant au reste du gouvernement, laissons tomber. Les employés surnuméraires, les redondances, le gaspillage d’énergie et la pseudo-grandeur pompeuse sont au niveau de la science-fiction. Le tout est soutenu par l’univers des talk-shows politiques. CNN est l’une des pires organisations criminelles de la planète. Ils maintiennent la fiction de la valeur théorique des pensées et des paroles de ces êtres inférieurs qui parviennent à devenir membres de la caste. |
Do you want to name names? | Souhaites-tu citer des noms ? |
Do we need to see John Sununu as a talk-show guy? Or, on CNBC, Gordon Liddy or Oliver North? Let’s face it: some of these people are criminals. Why do we need to be presented with them as voices of authority whose opinions are something we should even waste our time with? Why? | Avons-nous besoin de voir John Sununu dans les talk-shows ? Ou, sur CNBC, Gordon Liddy ou Oliver North ? Avouons-le : certains d’eux sont des criminels. Quel besoin y a-t-il de nous les présenter comme des commentateurs faisant autorité, pourquoi devrions-nous perdre notre temps à les écouter ? Pourquoi ? |
What do you think is behind it? | Que penses-tu qu’il y a derrière tout ça ? |
It’s a whole program designed to modify behavior and modify thinking on a national level. They’re happy to take the slings and arrows of the outraged minority in order to keep these voices of stupidity in your face all the time. It’s all propaganda. | C’est tout un programme conçu pour changer les comportements et les pensées à l’échelle nationale. Afin de continuer de nous mettre sous le nez ces stupides commentateurs, ça ne les dérange pas de recevoir les attaques de la minorité indignée. Tout ça n’est que de la propagande. |
How planned is it? | À quel point est-il planifié ? |
Completely. It is the residue of the domestic-diplomacy department that Reagan established during the Iran-Contra days. The idea was to control the news. From that office, a guy would make phone calls and certain journalists would get fired and news stories would get changed. Then it was the obvious control of the media we saw during the Gulf war. | Totalement. C’est ce qu’il reste du département de diplomatie interne que Reagan avait mis en place à l’époque de l’Iran-Contra. L’idée était de contrôler les nouvelles. Depuis ce bureau, un type passait quelques appels et des journalistes étaient virés et les nouvelles étaient changées. Ensuite, il y a eu le contrôle évident des médias que nous avons vu pendant la guerre du Golfe. |
So you maintain that the media are no more than pawns? | Donc, dis-tu que les médias ne sont que des pions ? |
The media are part of the package. You think really liberal people own those outlets? I don’t. Even if they were Democrats, it wouldn’t mean anything, because who can tell the difference between those two criminal classes? | Les médias font partie du système. Penses-tu vraiment que les libéraux peuvent y accéder ? Pas moi. Même s’ils étaient Démocrates, rien ne changerait parce que quelle est la différence entre ces deux classes criminelles ? |
It sounds as if you are as cynical as ever. | On dirait que tu es cynique comme toujours. |
It’s hard not to be. | Il est difficile de ne pas l’être. |
Yet you feel it’s worthwhile to raise some hell? | Penses-tu que ça vaut encore la peine de faire du bruit ? |
Pessimism and the natural instinct to raise hell are not mutually exclusive. Raising hell comes naturally to me. Still, I am not optimistic about what will happen to this country unless some radical change is made. It’s going to take more than just firing a few bad guys. | Le pessimisme et l’instinct naturel de faire du bruit ne s’excluent pas mutuellement. Faire du bruit me vient naturellement. Cependant, je ne suis pas optimiste quant à ce qui arrivera à ce pays, à moins que des changements radicaux ne soient apportés. Il ne suffira pas de virer quelques méchants. |
You were involved in politics firsthand when you tried to stop record companies from being forced to label records, much like movies are rated. Your opponents got their way. Has it had any impact? | Tu as été personnellement impliqué dans la politique quand tu as essayé d’empêcher que les labels soient obligés de marquer les disques, tout comme les films sont classés. Tes adversaires l’ont emporté. Ça a-t-il eu un impact ? |
A chilling impact. | Un impact terrifiant. |
How? Don’t you think that the warning stickers help sales? Kids want stuff with bad words. | Comment ? Ne penses-tu pas que les étiquettes d’avertissement aident les ventes ? Les gars veulent du matériel avec de gros mots. |
But groups that are getting signed to recording contracts are being told what they can and cannot sing. | Mais aux groupes qui signent des contrats d’enregistrement ils disent ce qu’ils peuvent et ce qu’ils ne peuvent pas chanter. |
That doesn’t ring true, it seems that there is less censorship than ever. “Motherfucker” is almost requisite to rap songs in heavy metal, Axl Rose screams: “Suck my fucking dick!” What’s being censored? | Ça ne semble pas vrai, on dirait qu’il y a moins de censure maintenant qu’avant. « Fils de pute » est presque indispensable pour rapper des chansons de heavy metal, Axl Rose crie : « Suce ma foutue bite ! » Qu’est-ce qui est censuré ? |
If it’s some guy selling thirty million records, the record company isn’t going in with scissors. But the new bands just signing up have no leverage. They do what they are told. | Si nous parlons de quelqu’un qui vend trente millions de disques, le label n’utilisera pas les ciseaux. Mais les nouveaux groupes qui viennent de signer un contrat n’ont le moindre pouvoir. Ils font ce qu’on leur dit de faire. |
Many of the rap artists aren’t selling millions. | Beaucoup d’artistes de rap ne vendent pas de millions. |
But they’re on shaky ground. Time Warner was ready to succumb to the protests over ♫ “Cop killer” before Ice-T backed off. It’s all hanging on a cliff, ready to go over. More frightening is the Child Protection Act. It holds people responsible if they in any way influence someone to commit a crime. The record companies are worried. | Mais ils sont dans une situation précaire. Avant que Ice-T la retire, Time Warner était prêt à se rendre aux protestations contre ♫ « Tueur de flics ». Tout ne tient qu’à un fil, c’est sur le point d’être reconsidéré. La Loi sur la Protection de l’Enfance est encore plus inquiétante. Elle tient les gens responsables s’ils influencent de quelque façon que ce soit quelqu’un à commettre un crime. Les labels sont inquiets. |
You obviously don’t believe songs can make people kill or rape or commit suicide. | Tu ne crois évidemment pas que les chansons puissent amener les gens à tuer, à violer ou à se suicider. |
There are more love songs than anything else. If songs could make you do something, we’d all love one another. Violence in songs functions the same way violence in movies does. In “Lethal Weapon”, people get blown up, mashed and mutilated. The people in the audience would never do anything like that. | La plupart des chansons qui existent sont des chansons d’amour. Si les chansons nous influençaient vraiment, nous nous aimerions tous. La violence dans les chansons fonctionne de la même manière que la violence dans les films. Dans « L’Arme Fatale », les gens sont explosés, écrasés et mutilés. Les gens dans le public ne feraient jamais des choses comme ça. |
Have you been censored? | As-tu été censuré ? |
No. I do what I want to do, though there are certain socially retarded areas ▶ where my records are not to be seen. That’s one of the reasons we have a mail-order business. There’s this ludicrous fear of the power of music manifesting itself in the corruption of the youth of America. It’s idiotic. But censorship, in effect, is turning the United States into a police state, as far as ideas go. It’s not about children learning dirty words. It’s about putting a lid on ideas. Whatever they don’t want to confront, whether it’s about sex or racism or anything else, is what they want to censor. One way to shut off the avenues of dissent is to put a lid on rock & roll. Then come books and everything else. But censorship is communism. Why are we buying into communist suppression at a time when everybody else in the world has realized that it doesn’t work? The people who want to censor do not care about saving your children. They care about one thing: getting reelected. Let’s face it, folks: Politicians in the United States are the scum of the earth. We have to go after them individually because they’re varmints. The legislation they are passing, piece by piece, converts America into a police state. The mentality that has existed since Reagan and Bush is that the population of the United States has to be subjugated by law. | Non. Je fais ce que j’ai envie de faire, même s’il y a certaines régions socialement arriérées ▶ où mes disques ne circulent pas. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons une vente par correspondance. Il y a cette peur absurde du pouvoir de la musique qui se manifesterait en corrompant la jeunesse américaine. C’est une idiotie. Mais la censure est en fait en train de transformer les États-Unis en un État policier, en ce qui concerne les idées. Il ne s’agit pas d’empêcher les enfants d’apprendre des gros mots. Il s’agit de museler les idées. Tout ce qu’ils ne veulent pas affronter, que ce soit du sexe, du racisme ou autre, ils veulent le censurer. Une façon de bloquer la dissidence est de museler le rock & roll. Ensuite, les livres et tout le reste. Mais la censure, c’est le communisme. Pourquoi acceptons-nous la répression communiste si partout dans le monde on s’est rendu compte qu’elle ne fonctionne pas ? Ceux qui veulent la censure ne se soucient pas de sauver nos fils. Ils ne se soucient que d’une chose : être réélus. Avouons-le, les amis : les politiciens aux États-Unis sont la lie de l’humanité. Nous devrions les poursuivre un par un parce qu’ils sont des vauriens. Les lois qu’ils adoptent sont en train de transformer progressivement les États-Unis en un État policier. Depuis que nous avons élu Reagan et Bush, la mentalité est que le peuple des États-Unis doit être soumis par la loi. |
Did the record industry fight the labeling hard enough? | L’industrie du disque a-t-elle suffisamment combattu le marquage ? |
The record companies are interested in one thing, which is making a profit. If “Cop killer” sells millions of records, they are happy about it. They are not happy when police officers’ pension funds sell their Time Warner stock and people boycott Time magazine. | Les labels ne s’intéressent qu’à une seule chose, c’est-à-dire faire du profit. Si « Tueur de flics » vend des millions de disques, ils en sont contents. Ils ne sont pas contents quand les fonds de pension des policiers vendent leurs actions de Time Warner et que les gens boycottent le magazine Time. |
It must have been strange for you when Al Gore was nominated as vice president. | Ça a dû être bizarre pour toi quand Al Gore a été nommé vice-président. |
They felt it was a good way to counteract the Dan Quayle-family values nonsense. But why would anybody need to counteract Dan Quayle? | Ils y ont vu un bon moyen de contrebalancer l’absurdité des valeurs familiales de Dan Quayle. Mais pourquoi faudrait-il contrebalancer Dan Quayle ? |
They obviously didn’t care about your vote - or the vote of the people concerned about Tipper’s ratings campaign. | Bien sûr qu’ils ne se souciaient pas de ton vote - ou du vote de ceux préoccupés par la campagne de Tipper pour le marquage. |
Not necessarily. Deep in their hearts, those politicos think they’re really cagey strategists. They figured they’d get a certain amount of column inches because of Tipper. It was advertising they didn’t have to buy. | Pas nécessairement. Au fond de leur cœur, ces politiciens pensent qu’ils sont vraiment des stratèges astucieux. Ils pensaient que, grâce à Tipper, les journaux publieront quelques articles sur eux. Pour eux, tout n’était que de la publicité gratuite. |
Your song “Trouble coming every day” ▲, about the Watts riots, could have been written about the more recent L.A. upheaval. | Ta chanson « Problèmes chaque jour » ▲ sur les émeutes de Watts aurait pu être écrite sur les émeutes les plus récentes à Los Angeles. |
The only part that wasn’t apropos was the woman driver getting machine-gunned in half because she drove through a stop sign. | La seule partie qui ne serait pas pertinente est celle de la femme qui avait été mitraillée parce qu’elle passait au feu rouge. |
What were you doing during the riots? | Que faisais-tu pendant les émeutes ? |
I taped them from top to bottom while flipping through the channels. I got it from every angle that I could, some amazing stuff, things that weren’t reported nationally. | Je les ai enregistrés du début à la fin, en zappant les canaux. Je les ai prises sous tous les angles possibles, des choses incroyables, des choses qui n’ont pas été rapportées à l’échelle nationale. |
For instance? | Par exemple ? |
Shots of a group of soldiers in a barracks in Orange County wearing Desert Storm nerve gas clothing. Now either the Crips and Bloods had nerve gas or there were some plans of dealing sternly with the rioters. | Des tournages d’un groupe de soldats dans une caserne du Comté d’Orange portant des combinaisons à gaz neurotoxiques de la Tempête du Désert. Donc soit les gangs Crips and Bloods avaient du gaz neurotoxique, soit il y avait des plans pour réprimer sévèrement les émeutiers. |
What did you do with the recordings? | Qu’as-tu fait de ces enregistrements ? |
When I performed in Germany, we had television sets in the bar during intermission showing the finest of American cultural entertainment. On one set, nonstop riot. On another, nonstop televangelists. On another, C-SPAN. On another, Desert Storm. You got to have your light beer and watch the American media at its finest. | Quand je me suis produit en Allemagne, il y avait des écrans dans le bar qui montraient pendant l’entracte le meilleur du divertissement culturel américain. D’un côté, des émeutes tout le temps. Sur un autre, des télévangélistes tout le temps. Sur un autre, la chaîne TV C-SPAN. Sur un autre, la Tempête du Désert. En buvant ta bière légère, tu devais regarder le meilleur des médias américains. |
You said that you couldn’t do some things you wanted to - including running for president - because of your illness. How else has cancer affected your life? | Tu as dit que tu as été incapable de faire certaines des choses que tu voulais faire - y compris la campagne présidentielle - en raison de ta maladie. De quelle autre manière le cancer a-t-il affecté ta vie ? |
The minute somebody tells you you have cancer, your life changes dramatically, whether you beat it or you don’t. It’s like you have a fucking brand put on you. As far as the American medical profession goes, you’re just meat. It complicates your life because you have to fight for your life every single day, besides doing your shit. To do the music is complicated enough, but to think of doing things that involve travel and other kinds of physical stress is too much. Whatever medication you take fucks you up, too. | Au moment où quelqu’un te diagnostique un cancer, ta vie change radicalement, que tu le battes ou non. C’est comme si tu avais une foutue marque sur toi. Pour les professionnels médicaux américains, tu n’es que de la chair. Il complique ta vie parce qu’en plus de penser à tes corvées, tu dois te battre pour ta vie chaque jour. Faire de la musique est déjà compliqué, mais penser à faire des choses qui impliquent des voyages et d’autres types de stress physique, ce serait trop. En plus, quel que soient les médicaments que tu prends, ils t’assomment. |
Are you currently taking any medication? | Prends-tu des médicaments pendant cette période ? |
I’m forty pounds overweight because the stuff that I’m taking fills me up with water. I’m a walking balloon. You can’t just take an Advil or a Nuprin and forget about it. It’s a fucking battle. | J’ai pris près de vingt kilos parce que les médicaments que je prends me remplissent d’eau. Je suis un ballon ambulant. Tu ne peux pas prendre une Advil ou une Nuprin comme si de rien n’était. C’est une foutue bataille. |
Can you travel, or do you have to stay close to your doctors? | Peux-tu voyager ou dois-tu rester proche de tes médecins ? |
Well, you do have to be tested periodically, every couple of months. You want to be close to a doctor you trust. You wouldn’t want to go to a Russian hospital. That could put you out of business in a big hurry. A friend of mine was in an auto accident there and wound up in a Russian hospital. They had no anesthesia and no disposable syringes. As the doctor was setting her leg without anesthesia, he said: “Nobody ever died from pain”. | Eh bien, tu dois faire des contrôles périodiques, tous les deux mois. Tu préfères rester près d’un médecin en qui tu as confiance. Tu ne voudrais pas aller dans un hôpital russe. Ils te tueraient en un rien de temps. L’un de mes amis a eu un accident de voiture en Russie, et a été amené à l’hôpital. Ils n’avaient ni anesthésiques ni seringues jetables. Pendant que le médecin soignait sa jambe, sans anesthésie, il lui a dit : « Personne n’est jamais mort de douleur ». |
How long have you known about your cancer? | Depuis combien de temps tu sais que tu as un cancer ? |
I found out about it in the spring of 1990. | Je l’ai découvert au printemps 1990. |
It hit out of the blue? | Était-ce totalement inattendue ? |
I’d been feeling sick for a number of years, but nobody diagnosed it. Then I got really ill and had to go to the hospital in an emergency. While I was in there, they did some tests and found out it had been there for anywhere from eight to ten years, growing undetected by any of my previous doctors. By the time they found it, it was inoperable. | Je me sentais mal depuis quelques années, mais personne ne l’avait diagnostiqué. Ensuite, je suis tombé vraiment malade et j’ai dû aller à l’hôpital en urgence. Pendant que j’étais là-bas, ils ont fait des analyses et ont découvert qu’il était là depuis huit, dix ans, grandissant sans être remarqué par aucun de mes anciens médecins. Quand ils l’ont découvert, il n’était plus opérable. |
How about other treatments? | Que penses-tu des autres traitements ? |
I went through radiation and that fucked me up pretty good. They were supposed to give me twelve shots of that, but I got to number eleven and I was so sick that I said I couldn’t go back. | J’ai eu une radiothérapie qui m’a bien assommé. Ils auraient dû faire douze séances, mais quand je suis arrivé à la onzième, j’étais si faible que j’ai dit que je ne pouvais pas retourner. |
Was it helping? | Étaient-ils utiles ? |
I don’t want to dwell on all the morbid details of what happened to me, but I’ll summarize it. When I went into the hospital, the cancer had grown to where I could no longer take a piss. In order for me just to survive, they had to poke a hole in my bladder. I spent more than a year with a hose coming out of my bladder and a bag tied to my leg. That’ll keep you from traveling. The result of the radiation was that the tumor was shrunken to the point where I could get rid of the bag and could piss again, but there were bad side effects. I don’t want to talk about it. It’s not a picnic. | Je ne veux pas entrer dans tous les détails scabreux de ce qui m’est arrivé, mais je vais les résumer. Au moment où je suis entré à l’hôpital, le cancer avait tellement grandi que je ne pouvais plus pisser. Ils ont dû percer un trou dans ma vessie pour survivre. J’ai passé plus d’un an avec un tube sortant de ma vessie et une poche attachée à ma jambe. Ça t’empêche de voyager. Grâce à la radiothérapie, la tumeur a rétréci au point que j’ai pu me débarrasser de la poche et retourner à pisser, mais ça a eu des effets secondaires négatifs. Je ne veux pas en parler. Ce n’est pas une partie de plaisir. |
It seems that you can still do a lot of the things you care about - composing, at least. | On dirait que tu peux toujours faire plein de choses auxquelles tu tiens, au moins composer. |
Some days you can do more of it than others. Part of the problem is that it hurts to sit some days, and this work is done sitting at a computer terminal. I used to be able to work sixteen, eighteen hours a day and just get up from my chair and go to sleep and go back to work, and it was fine. But some days I can’t work at all. Some days I can work two hours. Some days I can work ten. | Certains jours, je peux en faire plus que d’autres jours. Une partie du problème est que certains jours, ça fait mal de rester assis, et ce travail se fait assis devant l’ordinateur. J’avais l’habitude de travailler seize, dix-huit heures par jour, de me lever de ma chaise, d’aller dormir, de retourner au travail, et tout allait bien. Mais certains jours, je ne peux pas travailler du tout. Certains jours, je peux travailler deux heures. Certains jours, je peux travailler dix heures. |
How does it affect your life with your family? | Comment ça affecte-t-il ta vie de famille ? |
Well, it’s not a secret around here. They’re very nice to me. They take care of me. | Eh bien, ce n’est pas un secret ici chez nous. Ils sont très gentils avec moi. Ils s’occupent de moi. |
Is it an emotional roller coaster for you? | Émotionnellement, sont-ils comme des montagnes russes pour toi ? |
The emotional aspect is more influenced by the drugs than it is by the idea that you’re sick. What can you do? People get sick. Sometimes they can fix it and sometimes they can’t. But the chemicals that they give you to treat it take a toll. The week before last I found myself in the hospital for three days riddled with morphine. That was definitely an experience I don’t want to repeat. When I got out, it took almost ten days to get the residue of all the drugs they’d given me out of my body. | L’aspect émotionnel est plus influencé par les médicaments que par l’idée d’être malade. Que peut-on faire ? Les gens tombent malades. Parfois, ils parviennent à guérir et parfois non. Mais les produits chimiques qu’ils te donnent pour te guérir laissent des traces. Il y a deux semaines, je me suis retrouvé à l’hôpital pendant trois jours, bourré de morphine. C’était une expérience que je ne veux certainement pas répéter. Quand je suis sorti, il m’a fallu près de dix jours pour éliminer de mon corps les résidus de tous les médicaments qu’ils m’avaient administrés. |
At a certain point it must be confusing about what’s making you sick, the drugs or the disease. | À un moment donné, tu ne comprends plus ce qui te rend faible, que ce soient les médicaments ou la maladie. |
It’ll really turn you around. It’s difficult if you are the boss of a company, even a little company like mine, and you have to make decisions about what’s going on and you can’t trust your own decisions because you don’t know, chemically, what’s happening. It’s also difficult not to know how you’re going to be one day to the next. The only reason I agreed to do this interview at this time was I thought I was reasonably clear enough to have a conversation. That’s debilitating. If you can’t trust your own judgment, that’s really hard. When you’re writing music, every note you put down is a judgment call. | Ça te chamboule vraiment. Il est difficile, si tu es à la tête d’une entreprise, même une petite entreprise comme la mienne, et que tu dois prendre des décisions tous les jours sans pouvoir faire confiance à tes décisions parce que tu ne sais pas ce qui se passe chimiquement. Il est également difficile de ne pas savoir comment tu te sentiras le lendemain. La seule raison pour laquelle j’ai accepté de faire cette interview aujourd’hui, c’est parce que je pensais être assez lucide pour avoir une conversation. C’est débilitant. Il est très difficile si tu ne peux pas faire confiance à tes propres décisions. Quand tu écris de la musique, chaque note que tu écris nécessite une décision. |
We’ve been talking for hours and yet you seem tireless. | Nous parlons depuis des heures et pourtant tu n’as pas l’air fatigué. |
You got me on a good day. I mean, tomorrow I could be flat on my back in bed. So you get to be very time-budget conscious. Certain things are time-consuming and the time spent doing them is productive. Other things are time-consuming and it’s like being hijacked. I have a low tolerance for wasting time. I try not to be irritable about it, but it’s my main concern. I’m trying to live my life the same way that I lived it before, without indulging in any of the things that would waste time. | Tu m’as eu dans un bon jour. Je veux dire, demain je pourrais rester au lit sur le dos. Tu dois donc faire très attention à la façon dont tu utilises ton temps. Certaines choses prennent beaucoup de temps, et le temps passé à les faire est productif. D’autres choses prennent du temps et c’est comme être pris en otage. J’ai une faible tolérance à les pertes de temps. J’essaie de ne pas être irritable, mais c’est ma principale préoccupation. J’essaie de vivre ma vie de la même manière que je la vivais avant, sans céder à aucune des choses qui me font perdre du temps. |
Some people would retire - go to live their life out on some beach. | Quelqu’un arrêterait de travailler et irait vivre sur une plage. |
Not me. I’m less inclined to travel, less inclined to leave the house for any reason, just because I happen to like my life in this place, and I like my family. | Pas moi. Je suis moins disposé à voyager, moins disposé à quitter la maison pour quelque raison que ce soit, simplement parce que j’aime ma vie ici à la maison et j’aime ma famille. |
How does it influence the music you’re writing now? | Comment ça affecte-t-il la musique que tu écris en ce moment ? |
I don’t think it does now, though it did for a while. It’s so uncomfortable to work, you may be tempted to say that something’s done when it’s not done. You physically can’t stand to work on it anymore. During one period, I was working on some pieces that I let go before their time. Since they hadn’t been released yet, as I gradually felt better, I went back and worked on them to make sure that the level of competence was maintained. | Je ne pense pas que ça l’affecte à présent, même si l’a fait pendant un certain temps. Il est si inconfortable de travailler que tu pourrais être tenté de dire qu’une chose est achevée même quand ce n’est pas le cas. Tu ne peux pas supporter physiquement de continuer à y travailler. Pendant une période, j’ai travaillé sur des pièces et je les ai terminées prématurément. Comme elles n’étaient pas encore sorties, quand j’ai commencé lentement à me sentir mieux, je me suis remis à y travailler pour m’assurer que le niveau de professionnalisme était maintenu. |
But hasn’t it affected the mood of the music? | Mais ça n’a-t-il pas influencé l’humeur de ta musique ? |
No, I haven’t started writing sad music. Time is the thing. Time is everything. How to spend time. We all want something to do with our minds. The choices are a major human preoccupation. The people who find the easiest solutions, like beer and football, might be happier if they had just a little dimension to their lives. But most people, once they achieve a certain level of gratification for time disposal, don’t go beyond it. They already know how good they’re going to feel when a football game comes on, and they have their beer. They don’t want to know beyond that. They build a life around it. It’s been the same for me since I got cancer as it was before. I have to look way beyond the football game and the can of beer. Once I’ve gone out there and dabbled on that fringe ▶, I feel as if I may as well bring some artifacts back, in case anybody else is interested. That’s what I do. I come back and go: “Here it is. This is what happened after the football game”. | Non, je n’ai pas commencé à écrire de la musique triste. Le temps est la chose importante. Le temps est tout. Comme passer le temps. Nous voulons tous faire quelque chose avec notre esprit. Les choix sont l’une des principales préoccupations des personnes. Ceux qui trouvent les solutions les plus simples, comme la bière et le football, pourraient être plus heureux quand leur vie a une seule, petite dimension. Mais la plupart des gens, une fois qu’ils ont atteint un certain niveau de gratification dans l’utilisation de leur temps, ne vont pas plus loin. Ils savent à quel point ils se sentiront bien quand le match commencera et ils auront leur bière dans la main. Ils ne veulent rien savoir d’autre. Ils construisent une vie autour de ça. Depuis que j’ai un cancer, rien n’a changé pour moi par rapport à avant. Je dois regarder bien au-delà du match de football et de la canette de bière. Une fois que je suis arrivé là-bas et que je me suis délecté sur cette limite ▶, j’ai l’impression que, en rentrant, je pourrais aussi bien emporter quelques artefacts, au cas où quelqu’un d’autre serait intéressé. C’est ce que je fais. Je rentre et je dis : « Voilà. C’est ce qui s’est passé après le match ». |
Texte en anglais du site Zappa Books. |